Pendant que des réfugiés de par le monde crèvent de faim dans des camps de toile à l’hygiène plus qu’approximative, pendant que des enfants de huit ans bossent huit heures par jour pour fabriquer des briques qui leur permettront juste de survivre et que d’autres sont esclaves, prostitués, violés ou battus. Bref, pendant que des êtres humains vivent comme des bêtes, meurent de faim ou avalent n’importe quoi, des petits animaux se la coulent douce.

L’expression « vivre comme une bête » devient d’ailleurs complètement impropre tant on aimerait parfois voir l’humanité logée à l’enseigne de certains animaux. Bien sûr, pour eux, les choses se termineront bien souvent à l’abattoir, mais pendant leur passage sur terre, rien ne leur sera refusé.

Tout est ainsi prévu dans des fermes modèle, que ce soit la musique douce pour des poules cantonnées dans de jolies cages individuelles ou le ballon (rond ou ovale ?) pour occuper les cochons qui risqueraient de s’ennuyer, le jambon courant alors le risque d’être moins goûteux. Température et humidité sont contrôlées en permanence et si on ne nous précise pas l’existence d’une cellule psychologique pour les préparer à la phase finale du dispositif, il paraît que toute cette mise en scène améliore les qualités gustatives de la viande ! Et tout ça pourquoi ?

Pour nourrir nos estomacs délicats et normalisés, soumis comme le reste aux directives européennes ou non, aux décrets, à la société zéro défaut, zéro risque, double zéro d’ailleurs, où des enfants se font indemniser parce qu’ils sont nés et qu’on ne leur a pas demandé leur avis (pour ceux qui ne sont pas nés, c’est évidemment impossible…), où d’autres attaquent des parents lassés d’être traités en vaches à lait, où l’on veut choisir le moment  pour vivre et celui pour mourir, où l’homme devient un stock de pièces détachées, où…zut !

Mais finalement, la question la plus grave n’est-elle pas de savoir si les cochons, c’est au foot ou au rugby qu’ils vont jouer ?

Pasquine L’Islet