La Région Nouvelle-Aquitaine a lancé un appel à manifestation d’intérêt portant sur le développement de « tiers-lieux ». Elle souhaite ainsi mailler son territoire d’une centaine de nouveaux espaces. Une politique qui s’accélère également en Occitanie.
Cet appel de la Nouvelle-Aquitaine, voté lors de la séance plénière du 17 décembre, va courir jusqu’au 1er septembre 2021. Il vise d’ici là un total de 300 tiers-lieux dans la région, « répartis sur l’ensemble des territoires urbains, péri-urbains et ruraux », soit un espace de ce type à moins de 20 minutes de chaque Néo-aquitain.
Le nom de « tiers-lieu », un peu froid et technique, souligne assez le caractère « fourre-tout » de ce concept sociologique né à la fin des années 80. C’était en gros le « troisième lieu », un peu comme on a parlé de « tiers secteur » pour définir la prometteuse économie des associations.
Ce tiers-lieu se définissait d’abord comme environnement social venant après le foyer et le lieu de travail, mais aussi d’une manière plus positive, en tant qu’espace de vie, d’échanges et de (re)création du lien social. Du club de gym au commerce associatif en passant par la MJC, l’espace de co-working, le fablab ou l’atelier partagé, tout lieu peut théoriquement se faire tiers-lieu, qu’il ait vocation à stimuler l’innovation et l’économie ou tout simplement à lutter contre l’isolement social ou la « fracture numérique » en milieu rural.
Miser sur les zones vulnérables…
On comprend dès lors qu’il soit difficile d’estimer le nombre exact d’espaces de ce genre dans la région. Un recensement 2018 n’en dénombrait qu’une dizaine dans les Landes et une vingtaine en Pyrénées Atlantiques, or on sent bien qu’un certain nombre d’endroits, s’ils ne sont pas de purs tiers-lieux, en sont bien le quart et pourraient figurer dans ce décompte…
La plupart sont concentrés le long du littoral, avec une offre déjà assez pléthorique du côté du BAB et du triangle Capbreton-Hossegor-Seignosse (où l’on a déjà pas mal entendu parler du « Container » d’Angresse et du « Lot3 » de Seignosse).
L’institution régionale parle de plus de 200 tiers-lieux déjà ouverts en Nouvelle-Aquitaine, affirmant avoir « soutenu l’ouverture ou le développement » de 119 d’entre eux, quasi-exclusivement des espaces de coworking, des ateliers et des fablabs. Elle en voudrait 300 sur le territoire d’ici 2021, et notamment des espaces de proximité dans certaines zones rurales comme le Pays basque intérieur, le Nord-Est des Landes et le long des frontières avec la région Occitanie.
Ces ouvertures, explique la Région, « doivent permettre à tout néo-aquitain d’avoir accès à un tiers-lieu à moins de 20 minutes de son domicile ». Pour cela, la Nouvelle-Aquitaine va « soutenir de 20 à 25 projets par an au cours des 3 prochaines années, en mobilisant un budget régional d’environ 1,4 million d’euros par an ».
Des aides étudiées…
Cinq critères d’éligibilité pour cet appel à manifestation d’intérêt. Le tiers-lieu doit être ouvert à tous types de professionnels, géré collectivement avec une « implication concrète des coworkers dans le montage du projet et dans la vie quotidienne du tiers-lieu », flexible et accessible sur le plan de l’offre (tarifs, abonnements, accès aux personnes à mobilité réduite), connecté avec « un débit adapté », et doté d’un dispositif d’accueil humain et d’intégration de nouveaux arrivants.
Enfin, le lieu devra se situer à plus de 20 minutes d’un espace déjà ouvert. Il s’agit aussi d’organiser une « démobilité », alors qu’en Nouvelle-Aquitaine, « près d’un million d’actifs parcourent chaque jour plus de 30 km pour aller travailler ». L’appel porte également sur la création de réseaux locaux fédérant différents tiers-lieux.
« L’aide régionale couvre toutes les dépenses liées aux projets, hors travaux de premier et de second œuvre », de l’agencement et équipement des lieux aux frais de personnel ou aux charges de communication et de marketing. Le montant de l’aide variera en fonction « du profil de vulnérabilité du territoire d’implantation du tiers-lieu ». On se souvient en outre que sur ce sujet, la Région Nouvelle-Aquitaine, associée à La Coopérative des Tiers-lieux et avec le concours du Fonds Social Européen (FSE), avait adopté un programme d’actions triennal en mai 2018.
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Photos : Région Nouvelle-Aquitaine