Pour la deuxième année de suite, l’Ugict CGT (Union des ingénieurs cadres et techniciens CGT) a mené l’enquête sur le télétravail. Entre le 15 mai et le 15 juin, pas moins de 15.000 salariés, cadres et professions intermédiaires, avaient été sondés dans le détail avec l’appui de personnels syndiqués de la Dares et de la Drees.
Une centaine de questions leur ont été posées. Les résultats de cette vaste enquête ont été publiés pendant la première quinzaine de septembre.
Principal enseignement de ce sondage : 98% des répondants souhaitent continuer à télétravailler à temps partiel. Un véritable plébiscite aux motifs assez évidents : « travailler chez soi évite des trajets, permet plus d’autonomie et une meilleure concentration », expose l’Ugict, pour laquelle « ces motivations disent en creux la dégradation du travail en présentiel et le management autoritaire ».
Du mieux mais des progrès à faire…
Sans aller si loin, on peut tout de même affirmer que derrière cette unanimité, l’enquête met très bien en lumière les inconvénients du télétravail, d’ailleurs parfaitement identifiés par des salariés loin de tout voir en rose.
Ainsi, 39% des télétravailleurs déclarent éprouver des douleurs physiques inhabituelles (maux de tête, troubles musculo-squelettiques, etc.), et 26% se sentent davantage dans un état d’anxiété ou de dépression en télétravail qu’en présentiel. Il semble néanmoins que ces chiffres soient en légère amélioration : ainsi, ils étaient respectivement 44 et 35% en 2020. Dans l’absolu, 45% des salariés en télétravail présenteraient un risque de dépression, et deux tiers souffriraient de l’isolement. Au passage, seuls 8% des managers se disent sûrs « de pouvoir détecter une situation de difficulté au sein de leur équipe ».
D’après l’enquête, il y a corrélation entre ces troubles et la charge de travail. Sur ce point, la moitié des télétravailleurs affirment toujours « que leur charge de travail a augmenté, de même que le temps passé à travailler », avec des pauses « plus courtes et moins nombreuses ».
Deux tiers des sondés se disent sollicités pendant leurs congés, ce qui pose en filigrane la question du fameux « droit à la déconnexion ». On note que 60% des salariés déclarent qu’aucun dispositif n’a été mis en place dans leur entreprise pour faire valoir ce droit. Mais là aussi, il y a un peu de mieux, puisqu’ils étaient 78% l’an dernier.
Autre enseignement notable de l’enquête de l’Ugict, « les frais et équipements professionnels restent majoritairement à la charge des salariés. L’employeur se contente généralement de fournir un ordinateur portable ». Enfin, un tiers des salariés affirment que leur employeur a profité de la mise en télétravail pour réorganiser ses espaces de travail en présentiel, au profit par exemple des open spaces.
À l’arrivée, s’il y a bien plébiscite pour le télétravail, les salariés attendent tout de même des améliorations. Pour le syndicat, qui indique avoir déjà formé 400 personnes à la négociation d’accords spécifiques, « les résultats de cette enquête inédite permettront d’informer largement sur l’état du télétravail en France et d’interpeller gouvernement et patronat sur la nécessité d’encadrement, dans la lignée de l’accord obtenu dans la fonction publique ».
L’Ugict CGT est évidemment bien dans son rôle mais son enquête, fondée sur un large panel de répondants et bien équilibrée, a le mérite de poser la question des risques à moyen terme d’un recours massif au télétravail. Plus qu’à voir si les quelques améliorations constatées se poursuivront en 2022…
Plus d’informations sur le site internet de l’Ugigt CGT