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Gers : vigne historique, safran et trottinettes

Le 11 Sep. 2018

Sans doute pensez-vous que seules les belles églises et autres splendeurs architecturales peuvent être inscrites au titre des monuments historiques ? Eh bien, non…

Figurez-vous qu’un minuscule carré de vigne, patrimoine bien vivant et si fragile, a obtenu en 2012 cette distinction jusqu’alors inédite en France.


Et ce précieux lopin de 20 ares, arborant fièrement ses 600 pieds sur douze rangs, est niché à Sarragachies, petit village du Gers en surplomb de la vallée de l’Adour, au cœur de l’appellation Saint-Mont (AOC).

Propriété de la famille Pédebernade depuis huit générations, cette parcelle passionne les chercheurs ampélographes. Plantée entre 1800 et 1810, elle a surmonté de grandes catastrophes, naturelles ou humaines. Alors qu’au 19ème siècle le vignoble français est dévasté par le phylloxera, que les grandes gelées de 1956 figent les ceps et que la politique de l’arrachage fait autant de victimes que les champignons meurtriers, la vieille dame résiste avec courage et obstination. Aujourd’hui encore, elle réussit, du haut de ses deux cents ans, à tenir tête à l’escat, bête noire des vignes modernes.


Protégée des dieux, cette parcelle est également exceptionnelle par son mode de culture ancestral. Sa plantation en pieds doubles disposés en carré – témoignage de la pratique viticole du XIXe siècle aujourd’hui disparue -, permet en effet aux vignerons de travailler le rang dans les deux sens, comme cela se pratiquait autrefois avec les bœufs.

Son patrimoine génétique, véritable lieu de mémoire végétale, est tout aussi époustouflant : 21 cépages endémiques, dont sept jusqu’ici totalement inconnus.


Et comme dans la famille Pédebernade, le mot « passion » se consomme sans modération, l’épouse de Jean-Pascal, Isabelle, a décidé il y a quelques années de sauter le pas pour vivre enfin son rêve, implanter une safranière sur la propriété familiale. A force de travail et d’obstination, le « Safran de Ninan » a fini par voir le jour aux côtés du carré patrimonial. Magie de la cohabitation…


Pour autant, l’histoire ne s’arrête pas là. L’envie de partager toute cette beauté environnante entraîne Isabelle et ses proches vers de nouvelles aventures : proposer des balades à trottinettes électriques au milieu des vignes de la propriété, et aux alentours du village. Grâce à un financement participatif, les fonds nécessaires au premier palier (achat de trottinettes, casques, fléchage des parcours…) ont pu être récoltés.

Tout récemment, deux chambres d’hôtes ont été également inaugurées, pour compléter ce cadre idyllique et atypique mêlant patrimoine, viticulture, tourisme, vallons d’oxygène et saveurs culinaires.

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