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Saint-Émilion : le Château Beauséjour chez Clarins

Le 09 Avr. 2021

La célèbre maison de cosmétiques se lance pour la première fois dans la reprise d’un domaine viticole. Ce Grand Cru, fleuron de l’appellation, était très convoité…

Qui des Cuvelier (Clos Fourtet), de Stéphanie de Boüard-Rivoal (Château Angélus) ou des Courtin-Clarins (des cosmétiques Clarins) mettra la main sur le Château Beauséjour des héritiers Duffau-Lagarrosse ? C’est la question qui agitait jusqu’à ce mercredi le landerneau viticole de Saint-Émilion.


Après Dallas, c’est un autre « univers impitoyable » qui pourrait plus près de nous faire l’objet d’une série à rebondissements. Du côté de Saint-Émilion, où le classement des grands crus fait déjà régulièrement des remous, une bataille était engagée depuis l’été 2020 autour de la reprise du château Beauséjour des héritiers Duffau-Lagarrosse, domaine de 6,75 hectares en premier grand cru classé B.

En novembre 2020, ledit domaine semblait presque acquis à la famille Cuvelier, notamment propriétaire du Clos Fourtet (aussi premier grand cru classé B). Les Cuvelier tenaient en effet la corde à l’issue du processus de vente organisé par la banque Rothschild. Ils auraient même eu la faveur de 90% des 32 co-héritiers du domaine.


Vente à rebondissements…

Saisie ensuite par certains d’entre eux, la Safer (Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural) s’est vu confier la finalisation de la vente en février, ce qui a donné lieu à une publication au Journal Officiel… et offert la possibilité à d’autres acquéreurs potentiels de se positionner.

Là-dessus, deux autres candidats ont profité de l’aubaine : d’un côté Stéphanie de Boüard-Rivoal, copropriétaire et PDG du Château Angélus, qui revenait à la charge pour une reprise en parallèle à la gestion du célèbre domaine ; et de l’autre Joséphine Duffau-Lagarrosse, co-héritère de Beauséjour défavorable à la vente, qui a convaincu la famille Courtin-Clarins (propriétaire du groupe de cosmétiques Clarins) de l’appuyer financièrement dans son projet de reprise : la jeune femme de 30 ans était jusqu’ici responsable d’exploitation au Château Les Grands Chênes de Bernard Magrez.


Habituellement, la Safer a tendance à privilégier l’installation de jeunes agriculteurs et ce dernier dossier, tout comme celui des Cuvelier (dont le plan était d’installer à Beauséjour le jeune directeur des châteaux Puygueraud et Charmes-Godard), pouvaient a priori faire pencher la balance. C’est donc avec un peu de surprise qu’a été accueilli en mars le premier avis « consultatif » de la Safer en faveur du projet de Stéphanie de Boüard. La tension entre les candidats est ainsi devenue très forte au fil des mois.


Les Courtin raflent la mise…

Car c’est finalement Joséphine Duffau-Lagarrosse qui rafle la mise. La Safer a décidé « d’attribuer la propriété à la société Beauséjour Courtin, détenue par la famille Courtin, sous condition de permettre et sécuriser l’installation de Joséphine Duffau-Lagarrosse, jeune agricultrice ». Autres conditions : soutenir un projet agricole durable et « maintenir le lien historique entre cette exploitation viticole et l’un des membres de la famille Duffau-Lagarrosse ». Le prix du domaine ? Autour de 75 millions d’euros.

Le domaine de Beauséjour était dans la famille Duffau-Lagarrosse depuis 1847. Auparavant, il était réuni à l’actuel domaine voisin de Beau-Séjour-Bécot (également en premier grand cru classé B). D’après Sud-Ouest, la famille Bécot (propriétaire de ce dernier domaine depuis 1969) s’était d’ailleurs montrée intéressée pour acquérir « quelques dizaines d’ares » de la propriété voisine.


Il semble que la décision finale de la Safer vienne clore notre future série à succès… Alors, cette « bataille de Saint-Million », c’est pour bientôt sur Netflix ?

Site du Château Beauséjour, Héritiers Duffau-Lagarrosse – cliquez ici

Notre récent article sur le classement des grands crus – c’est ici

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