C’est vrai que l’Union européenne aurait pu choisir une autre date que le 1er avril pour supprimer les quotas laitiers. Mais la mesure n’a rien d’un poisson. Instaurés dans le cadre de la politique agricole commune il y a trente ans, ils avaient pour louables objectifs de limiter et de stabiliser la production.
Dorénavant, le marché est libéralisé, ce qui signifie que nos éleveurs vont pouvoir produire davantage de lait. Mais davantage, est-ce vraiment un avantage ?
Ce qu’il faut savoir…
Car augmenter la production, cela signifie investir, s’agrandir. Et cette démarche ne plaît pas forcément à tout le monde, à commencer par la Coordination rurale (CR) et à l’Organisation des producteurs laitiers, qui ont récemment manifesté pour dénoncer « l’abandon des producteurs et la mise en péril de la filière laitière. »
Selon elles, la mondialisation va broyer les petits producteurs, pour qui l’avenir s’écrit désormais en pointillés. Car la Politique agricole commune avait tout de même permis d’augmenter une première fois la production, avec le système du prix garanti au producteur, permettant ainsi un saut de 50 % en France, entre 1961 et 1984. Résultat : les frigos européens débordaient de surplus, en poudre de lait et en beurre congelé, d’où l’instauration des quotas, par pays et par an.
Naturellement, nombreux ont été les blessés laissés au bord des routes : dans notre pays, de 1993 à 2013, on est passé de 162.000 producteurs à 67.000 (en Aquitaine de 4.500 à 2.000), ce qui laisse supposer que l’avenir est dévolu aux grosses fermes laitières, accueillant bien plus que la cinquantaine de vaches, chiffre moyen de chaque exploitation.
D’où à prévoir une surproduction massive, des regroupements en nombre et un effondrement des prix. Et quand on sait que notre Grand Sud-Ouest (dorénavant de la Charente aux Pyrénées) représente 13 % de la production nationale, la question mérite d’être abordée, étudiée et les réponses adaptées. Dans les meilleurs des laits.