Le débat relancé autour des véhicules roulant au diesel est exemplaire. Poussé par une opportunité de renflouer les caisses de l’Etat, le gouvernement a d’abord visé une augmentation des taxes sur ce carburant qui représente 80% de la consommation en France.
Servi par quelques alertes aux particules fines en zones urbaines, le premier ministre en a remis une couche en jouant le facteur santé. Il envisage une vignette identifiant le niveau de pollution permettant à la fois de faire payer les utilisateurs de « vieux » diesels et même de les interdire dans les grandes et moyennes agglomérations en cas d’alerte pollution.
Pas si simple. Ce qu’il faut savoir…
Pas si simple, parce que plus de 60% des voitures roulent au diesel en France, ainsi que la quasi totalité des véhicules professionnelles. Un parc impressionnant de 19 millions de voitures, de 5,4 millions d’utilitaires légers et 6,1 millions de camions.
Ce qui explique que le diesel représente 80% de la consommation de carburants.
Pourquoi cette spécificité française ? Elle est le fruit d’une volonté des gouvernements successifs, d’abord pour écouler une surproduction de gazole, puis par souci de protection de la planète. En effet, les moteurs diesels consomment moins et émettent moins de ce dioxyde de carbone (CO2) accusé de réchauffer la planète.
Et d’ailleurs, le monde entier s’y met pour limiter les émissions de CO2, au moment où la France fait machine arrière.
Savez-vous que les professionnels estiment que le gazole deviendra le carburant N°1 dans le monde d’ici 2040 ? et qu’il représentera 70% de la croissance de la consommation à la pompe ?
La voiture a bon dos…
En France, le diesel n’a été pointé du doigt que très récemment, en découvrant la nocivité potentielle des particules fines recrachées, et qui désormais font l’objet de contrôles systématiques dans les villes.
Ceci posé, la voiture a bon dos. En effet, comme pour les rejets de CO2, elle n’est responsable que d’une part très minoritaire de la pollution : le trafic routier ne génère que 10% des émissions de particules fines.
Et un pays comme la Grèce, dont le parc diesel n’est que de 3%, affiche des concentrations de particules fines supérieures à celles enregistrés à Paris. Les phénomènes météo et l’absence de vent pèsent beaucoup plus que la circulation des voitures.
18 millions de voitures à la casse ?
Les constructeurs ont fait des efforts spectaculaires pour dépolluer les nouveaux diesels, même si le coût des technologies embarquées dans ce but sont très coûteuses, et évidemment trop coûteuses pour les petits modèles.
Aujourd’hui, les véhicules diesels aux normes E5 (avec des filtres à particules) ne représentent que 15% du parc français. Ce sont ainsi 18 millions de voitures, « vieilles » de seulement 3 à 4 ans, qui sont concernées par ce projet de vignettes liées au taux de pollution.
Pour la chasse aux oxydes d’azotes (NOx), il faudra attendre le 1er septembre 2015 et la norme E6 qui rendra obligatoires les catalyseurs permettant de les détruire.
Dans ces conditions, taxer ces automobilistes reviendra à faire payer majoritairement des personnes ayant des revenus moyens ou faibles qui ne peuvent pas s’offrir une voiture neuve.
On a parlé de prime à la casse pour ces « vieilles » voitures. Mais, où l’Etat trouvera t-il de quoi financer la casse de 18 millions de voitures ?
On ne comprend plus rien : tous pour le diesel puis tous contre le diesel ? Alors, on fait quoi ?
Franchement quand on fait des alertes pollution à Pau ou à Bayonne… on rêve !
Plutôt, on marche sur la tête. On abandonne le diesel quand les autres pays le développent. On va perdre un savoir-faire français pour des raisons bien exagérées
de toutes façon ça change quoi, c’est toujours les mêmes qui paieront de toutes façons