INDEX

Je dis ça je dis rien...

Le 23 Juil. 2017

Petits vices purement français

On ne nous dit pas tout ! Non, cette chronique hebdomadaire ne va pas copier sur Anne Roumanoff et demeurera éternellement le “Je dis ça, je dis rien” (enfin, on espère).

Mais quand même, il y a des trucs sur lesquels on nous ment et qui sont dissimulés à notre incommensurable savoir (tu la fermes, toi, là-bas, avec ton commentaire désagréable !).

Par exemple…


Par exemple, le type qui voudrait composer une chanson… Une chanson où se trouveraient les mots : simple, triomphe, quatorze, Belge, quinze, goinfre, larve, monstre, meurtre, pauvre, par exemple. Ok, ça ne promet pas le chef d’oeuvre du siècle parti comme ça, on vous le concède. Mais là n’est pas le sujet, ni le verbe, ni la rime en l’occurrence. Car si tu veux l’occuper un moment, ton auteur-compositeur, dis-lui donc de chercher des rimes (noms communs uniquement) à cette gentille énumération. Ben, il va galérer parce qu’ils n’ont pas de rime.

Mal fichue hein, la langue française ? Si, si, vous pouvez vérifier. Je ne dis pas (que) des conneries. Et “complète” pourrait aussi figurer dans la liste. Encore que complète a deux rimes : quiquette et biseautée. Va te la composer ta chanson à rimes avec ça ! J’exige de connaître le résultat ! “Lalalala, la quiquette biseautée était complète, lalala”. Ah oui, on tient le tube de l’été.

Après dans le genre qu’on ne nous apprend pas à l’école, il y a les petits bijoux de la langue française. Histoire de briller dans les dîners. Du genre, “ma chérie, connais-tu le plus long palindrome de notre belle langue ?” Déjà, t’as une chance sur deux de tomber sur un crétin qui va s’exclamer : “C’est quoi un palindrome ? Un genre d’aérodrome moderne ?”. Non mossieu Dujnou, c’est un mot qui se lit dans les deux sens. Et le palindrome le plus long, c’est donc “ressasser”. Ça vous pose une soirée, ça, de suite !

Et un lipogramme, c’est quoi ? Rien à voir avec une opération visant à retirer le max de cellulite et autres amas graisseux d’une petite cuisse ou bedon ayant bouffé trop de hamburgers. C’est un mot exempt d’une lettre. Par exemple, le plus long lipogramme en “e”, c’est : institutionnalisation. Ah, ah, on la ramène moins là. Et de s’esbaudir : ce qu’elle est brillante, la Toy, quand elle s’y met !

Allez, plus facile, un anagramme maintenant. Bien venu si l’anagramme de “guérison” par exemple, s’avère être “soigneur”. Mais plus paradoxal si l’anagramme de “indolore” est “endolori”. Rhaaaa, je les tiens, patron ! Ils n’en peuvent plus…

Après, il  y a les méchants ! Siii, des mots au masculin qui se transforment en féminin au pluriel. Comme “délice”, “amour”, et “orgue”. Tandis que nous bloquons sur ce drôle “d’oiseau”. Le plus petit mot de la langue française avec toutes les voyelles. Et le plus long dont on ne prononce aucune des lettres. On ne dit pas le o, pas le i, pas le s, pas le e, pas le a, pas le u. Fortiche ! Jusque-là, ça se tient. Et au pluriel, son “x” ne se prononce pas non plus. De la science-fiction en littérature. Esbaudis, vous dis-je…

Mais ensuite il y a les purs vicelards. Les mots créés exprès pour nous faire faire des fautes ! Tiens, l’ail. Déjà ça pue, mais alors le conjuguer au pluriel… Je vois déjà les kékés se radiner : “facile, ail, ça devient aulx”. Oui, si l’on évoque le condiment. Parce que si l’on parle de l’ail en botanique, alors on dira “ails”, prends ça dans tes gencives le kéké !

Après, je sais que “mille” c’est beaucoup, mais on va vous le rentrer dans le ciboulot une bonne fois pour toutes : mille est invariable. Donc qu’il y en ait deux, dix, ou cent, mille ne prend pas de “s”. JA-MAIS. Comme quatre ! Et tous les journalistes qui parlent des “quatre z’associés” ou des “quatre z’amis” sont des boulets, et puis voilà !

Ah, et le pluriel de “banal”, c’est pas “banaux”, c’est “banals”. Il était temps d’en parler. Tous les mots en “eu” prennent un “x” au pluriel. Tous ? Non, car le français est une langue de relous, ou le mot “bleu” fait exception à la règle et prend un “s”. Capito ?

Le mot “aller-retour” est le sujet de toutes les controverses. La norme voudrait qu’au pluriel, on dise des “allers-retours”. Mais les éminents spécialistes du sujet (si, si, il y en a !) considèrent que ce nom composé doit conserver sa dignité, pardon son singulier, et diront “des aller-retour”.

L’Académie française (la Gagadémie) aurait tranché en faveur des “allers-retours”, donc on la ferme, et on obéit. Le droit d’aînesse (rebaptisé en son temps “droit d’ânesse” par un certain Don Papou de la Toup’Taïgon), le respect, tout ça… N’empêche, au bout du compte, tu t’aperçois que le mec qui fait moins de dix-huit fautes de français dans son mail, finalement c’est un surdoué !

Je m’en vais féliciter Muichard, mon collègue de bureau, finalement il est moins crétin que je ne le pensais… Je ne vous fais évidemment pas de bisoux, mais bien des bisous…(ça, c’est cadeau maison, un souvenir de la “petite école” : bijou, chou, caillou, le bon vieux temps en somme).

Enfin bon, moi je dis ça, je dis rien…

Gracianne Hastoy

5 commentaires au sujet de cet article

  1. Chère Gracianne,
    En matière de palindrome, je reste fidèle à “rêver” que je ne “ressasse” que dans l’intimité d’un oreiller complice, d’une fleur infidèle au vent ou d’une étoile trop pudique pour se cacher sous les nuages.
    Le “lipogramme : institutionnalisation”, pour sa part m’inquiète un peuR , mais ne le craignant pas, je lui adresse mes deuxième et troisième lignes de clavier qui peuvent s’honorer d’une même capacité : “qsdfghjklmwxcvbn” ce qui veut probablement dire la même chose sur la planète “Qaseyfigou” Na !
    Bon ,pour les anagrammes, c’est sans fin “monstre/mentors” , ” quinze/niqu..” donc je rends les armes.
    Sinon, pour le genre masculin qui deviendrait féminin à la forme plurielle, j’émets les plus grandes réserves . en effet, le féminin pluriel d’orgue est-il “orgasmes” ?

    Enfin, l’oiseau contient presque toutes les voyelles :
    ” YYYYYooo Gracianne ! “

  2. cool, nous n’avons pas eu droit à La contrepèterie ou le contrepet qui est un jeu de mots consistant à permuter certains phonèmes, lettres ou syllabes d’une phrase afin d’en obtenir une nouvelle, présentant souvent un sens indécent masqué par l’apparente innocence de la phrase initiale car d’aucun auraient sans doute cru à gros mot
    j’ai bien failli glisser dans la piscine à vous lire
    hi hi

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *