Nous parlerons d’expérience : on peut parfaitement avoir le ligament croisé antérieur déchiré, après une chute sur la neige, et survivre sans opération. Si, et seulement si, on reste sur son canapé à regarder les J.O., à s’énerver sur les prestations loupées de tel ou tel athlète. Mais si vous vous appelez Pierre Vaultier, et que votre accident est survenu fin décembre, à un mois et demi des Jeux Olympiques de Sotchi ; si vous envisagez de pratiquer ce sport intransigeant et extrême qu’est le Snowboard cross ; si, par la plus grande des inconsciences, vous prétendez rafler une breloque (une médaille), alors “rider” sans être opéré, c’est au mieux de la douce folie, au pire du masochisme caractérisé.
Vous pouvez aussi, à Vallnord-Arcalis, en Andorre, mi-janvier, faire une terrible chute, terminer avec une commotion cérébrale et une triple fracture faciale. Et vous réveiller du coma, les neurones en vrac, pour proclamer que vous irez aux J.O. de Sotchi, coûte que coûte. Cela pourrait prêter à boutade sarcastique, mais lorsqu’on s’appelle Paul-Henri De Le Rue, c’est plus qu’une menace déraisonnable, une promesse de rendez-vous.
Pour Pierre, il a fallu passer par une rééducation intense, une musculation de folie, attachée à un contre-la-montre effréné. Le tout sur fond de ponctions douloureuses et d’infiltrations dans l’articulation blessée. Pour Paul-Henri, le CERS de Capbreton a, une fois de plus, montré ses méthodes révolutionnaires pour aider les sportifs de haut niveau à se remettre sur pied. Là aussi, le temps s’est montré un ennemi implacable, et jusqu’à la veille de la compétition, “Paulo” concédait avoir mal à la tête…
La médaille d’or obtenue par Pierre Vaultier en Snowboard-cross à Sotchi ce 18 février 2014 va largement au-delà de l’exploit sportif. Et la quatrième place – n’en déplaise à l’intéressé qui la qualifie de “place de con” – de Paul-Henri De Le Rue est aussi l’une des plus belles réussites qui soit. Elles homologuent la force, l’abnégation, la volonté extrême, la “gagne”, le sens de la compétition, un moral de “tueurs”. Suivez notre regard, mais il y a des sports largement mieux rémunérés et considérés, où l’on n’a jamais vu un sportif se dépasser de la sorte. Et que la prouesse ici réalisée par les deux Français oblige la Fédération française à se surpasser à son tour, CQFD. Sans parler de la météo qui s’en est mêlée pour rendre la vie impossible à “Pierrette et Paulette” – les “riders” se surnomment ainsi entre eux, l’humour étant aussi l’un des fondements du dépassement de soi, semble-t-il.
Le très pyrénéen Paul-Henri l’a dit en riant, à la sortie de son “ride” de finale : “Avec Pierre, on est les deux handicapés de l’histoire”. On confirme. Deux handicapés qui ont réduit à un silence stupéfait les autres concurrents, affûtés, au mieux de leur forme, parfaitement préparés. Tandis que leurs rééducations à eux ont ressemblé à un parcours du combattant, une guerre livrée contre les blessures de leurs corps, gagnée grâce à un mental frôlant le surhumain, à une force de caractère frôlant le surnaturel… Pour quel merveilleux résultat.
Sans tomber dans le “pathos” ridicule, et simplement pour redonner espoir à tous ceux auxquels la vie assène ses coups difficiles, “Pierrette et Paulette” rappellent qu’il suffit d’y croire, de se battre de toutes ses forces, et que la victoire est au bout du combat. Bravo. Et chapeau bas…
Franchement, Polo quel exploit. Génial !
Chapeau l’artiste ! On peut en prendre de la graine
inconcient, mais quel exploit, quelle volonté. A méditer …