La capitale béarnaise fait partie des stars de la campagne des Municipales. Dans les médias nationaux, Pau rivalise presque avec Paris, qui tombera pour la première fois de son histoire dans les bras d’une femme, ou encore avec Marseille, qui, fidèle à sa réputation, offre toujours un feuilleton aux épisodes improbables.

Cet intérêt retrouvé pour la cité de l’inclassable Bon roi Henri est une heureuse nouvelle. Car, si le Béarn est un pays béni des dieux, il a aussi un talent inépuisable pour s’endormir sur ses atouts exceptionnels que lui ont offert la nature, mais aussi des femmes et des hommes d’exception. Et, il est en cela parfois bien agaçant !

Gâté par son fabuleux décor pyrénéen et son climat, gâté par le trésor découvert dans les profondeurs du bassin de Lacq, gâté par tant d’autres dons, du ciel ou de la terre, le Béarn a su profiter du talent de quelques leaders, discrets ou tonitruants, pour bâtir des bijoux comme Turbomeca, pour développer des puissances agroalimentaires portées par les valeurs coopératives, comme Euralis, et, cas unique en France (et peut-être en Europe), pour pérenniser 8.000 emplois industriels, malgré la fermeture du gisement de gaz, grâce à la très forte implication de Total.

Si les médias regardent Pau, c’est évidemment parce que François Bayrou est en lice. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le leader centriste ne laisse pas indifférent, ici comme à Paris. Mais, c’est aussi parce que le plateau est particulièrement relevé avec un David Habib qui s’impose au sommet de l’Assemblée nationale, ou encore un Olivier Dartigolles, porte parole national du PCF et promis à un bel avenir dans la classe politique française. Et, ce n’est pas offenser les autres candidats de souligner leur stature. Profitons-en pour saluer au passage la bonne tenue d’un débat, certes musclé mais qui n’a jamais dérapé.

Le duel s’annonce serré entre François Bayrou et David Habib, et il sera jugé aussi dans sa dimension régionale. Puisque l’une des clés de l’avenir de Pau, 2e ville d’Aquitaine, est à rechercher clairement dans sa capacité à coopérer efficacement avec Bordeaux sans se faire dévorer. La longue complicité entre François Bayrou et Alain Juppé (qui vient à Pau samedi) est un réel atout, comme peut l’être celle entre David Habib et Alain Rousset, l’autre homme fort de l’Aquitaine. L’avenir se dessinera aussi dans une dimension Adour, et les candidats l’ont bien mesuré.

Dans les jours qui viennent de nouveaux sondages vont tomber (le prochain sera dévoilé ce soir), ce qui contribuera à multiplier les coups de projecteur sur Pau. D’autant plus que la victoire finale pourrait fortement dépendre des résultats du premier tour. Si les deux premières places semblent acquises, 3 des poursuivants sont annoncés autour de cette fameuse barre des 10% qui permet à une liste de se maintenir pour le deuxième tour ou… de négocier en position de force.

Au-delà des mots d’ordres, cette dernière ligne droite avant le premier tour (23 mars) sera donc décisive et passera aussi par la capacité des deux favoris à rassembler au-delà des simples étiquettes politiques.

François Loustalan