C’est une petite boutique blanche et bleue, qui ne paye pas de mine, nichée rue Montpensier. En fait, les Béarnais la connaissent depuis longtemps.
Au début du siècle dernier, elle se dénommait Maison Capell et était sise rue du Maréchal Joffre. Sa spécialité : le parapluie artisanal, sous toutes ses variantes et ses couleurs, que la famille Pando, Hervé et son fils Christophe, a à cœur de perpétuer. Entrons…
Des parapluies, ce n’est pas ce qui manque ici puisque chaque année, la boutique en vend un bon millier. Depuis « le campagne », idéal contre le vent et les intempéries, recouvert d’une toile imperméabilisée et doté d’une monture de dix baleines en acier rond, jusqu’au makila traditionnel, les ombrelles (en coton anti UV, contre les maladies de peau) et même les parasols pour jardin ou terrasses de café, ou, plus rare, le parapluie de berger.
Ce n’est qu’il y a une vingtaine d’années qu’Hervé a relancé sa fabrication dans son atelier de Pau. Il s’agissait alors de recréer le modèle d’origine, utilisé par les bergers de la vallée d’Ossau pour se protéger tant du soleil que de la pluie, et même de la foudre. Il le fit costaud, avec un manche en hêtre qui ne se retourne pas au vent, grâce à ses neuf baleines en jonc, rotin ou bois. Idem pour la toile, en coton résiné à double tissage, ultra résistante car imperméabilisée à la résine de pin.
Quant à la poignée, elle est ronde, ce qui permet de le poser dans sa poche poitrine afin d’avoir les mains libres. Et ses parties métalliques en laiton étant éloignées de la pointe, il est naturellement utilisable en toute sécurité en montagne, faisant à l’occasion office de paratonnerre.
Plus de quatre heures de travail sont nécessaires à sa confection, évidemment réalisé à la main, ce qui en fait un objet unique et inusable que l’on garde avec soi des années ; encore qu’un atelier réparation soit ouvert, des fois que… Ça a d’ailleurs été la principale occupation de Christophe Pando ces dernières semaines.
« Pendant le confinement, j’ai continué la fabrication et la restauration des anciens parapluies que j’avais depuis longtemps. Au grand bonheur de leurs propriétaires ! » explique-t-il. « Nous venons juste de reprendre l’activité commerciale [11 mai NDLR.], avec les contraintes sanitaires que cela implique. Nous étions fermés depuis le 14 mars dernier, et notre chiffre d’affaires était donc égal à zéro. Pour la reprise, j’espère que nous aurons des touristes cet été, malgré l’annulation de tous les événements sportifs et culturels. En espérant un retour à la normale pour le mois de septembre ».
Le parapluie est un objet devenu « tendance » puisque l’on a vu Zinedine Zidane ou Karl Lagerfeld se balader en sa compagnie, sans oublier le président bolivien Evo Morales.
Une dernière précision : il faut investir de 170 à 210 euros pour obtenir l’objet de ses rêves, avant de chanter avec Brassens « Un p’tit coin d’parapluie, contre un coin d’paradis… »
C’est une petite boutique bleue et blanche, une devanture locale soignée, ornée sur son côté (rue Nogué) d’une peinture murale bucolique, un petit air des Pyrénées que les promeneurs retrouveront quelques pas plus au Sud. J’aimerais trouver à Pau davantage de boutiques qui « ne payent pas de mine », originales et colorées, qui ne seraient pas dictées par les normes ultra codifiées des groupes mondialisés.
Bonjour et merci pour cet article qui fait honneur à l’artisanat !
Pour information la vrai orthographe du créateur est CAPEL Firmin; à la suite de l’installation rue
Maréchal JOFFRE il y a eu l’usine située au n° 5 place CLEMENCEAU jusqu’en 1958 ( pour ceux qui se souviennent il y avait le magasin LAFUMA au rdc ) et pour finir la rue Emile GUCHENET
jusqu’en 1980.
Ce n’est pas la seule fabrique de Parapluie de Berger en France.
Il en reste encore trois avec celle de Pau !
J’en ai d’ailleurs un que j’ai acheté à Poitiers, j’ai même assisté au taillage du Rotin.
La Famille François en fabrique depuis 4 générations dans leur Famille (1882)