La question est posée. C’est même Emmaüs Lescar qui la pose ouvertement, sur une trentaine de panneaux publicitaires que les Palois ont découverts ces jours-ci : « Et si Emmaüs Lescar-Pau disparaît ? »
Car pris d’un doute existentiel, ses promoteurs estiment que son action est devenue invisible, que son utopie arrive à ses limites, la société dominante la piétinant sans lui laisser droit de cité.
Ce qu’il faut savoir…
Sur son site, l’organisation expose ses doutes militants, en un jargon très soixante-huitard : « Et si Emmaüs Lescar-Pau disparaissait parce que son dynamisme est stoppé ? Il serait freiné dans son évolution par l’encerclement de l’économie capitaliste (…) Parce que le collectif refuse de s’affranchir de son porteur de projet ? Il serait incapable de poursuivre la dynamique propulsée par son fondateur, Germain. Orphelin, il se polariserait sur le passé transformant sa pensée vivante en une forme dogmatique. Il se réfugierait dans le culte de la personnalité (…) Et si Emmaüs Lescar-Pau disparaissait, parce qu’un phénomène météorologique exceptionnel a tout balayé ? Comble de l’ironie, alors que de longue date ses habitants sensibilisaient le public à l’urgence climatique, des vents d’une rare violence se seraient levés au-dessus d’une région réputée non venteuse, arrachant tout sur leur passage. Depuis, un monument dédié aux utopistes, aux milliers de compagnons qui sont passés, rappellerait la fulgurante histoire de cette alternative. »
Hum ! Difficile de comprendre. On sait les rapports difficiles qu’entretient Germain Sarhi avec Emmaüs France, la maison mère. On sait que les années passent et que son fondateur n’est pas éternel. On a encore en tête le documentaire récemment diffusé par France 4, intitulé « Lescar Pau, quand l’utopie déraille » critiquant les conditions de travail des compagnons palois.
Alors, s’agit-il d’un bluff, d’un coup publicitaire, afin de drainer militants et fonds ? S’agit-il d’un questionnement en profondeur, afin de savoir si l’option politico-altruiste et altermondialiste a encore un avenir ? En un mot : stop ou encore ?
Pourtant, l’organisation fonctionne, en dépit des aléas énoncés. L’an dernier, elle a généré un chiffre d’affaires (mot abhorré chez Emmaüs) de 3,5 millions d’euros. La réponse viendra peut-être du débat interne qui aura lieu ce dimanche, avec la présence souhaitée des 150 membres de la communauté travaillant sur la vente et la recyclerie.
En tout cas, l’opération est réussie : on n’a jamais autant parlé d’Emmaüs à Pau qu’en ce moment !
longue vie à Emmaüs à Pau .Il faut détruire toute réalisations positives ,humaines ,sociales tel est le monde dans lequel nous vivons .La spéculation ,le profit par toute ses formes est le fil conducteur du monde capitaliste .C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer .Je pose cette question :sommes nous pas responsables de cette situation? .Les politiques ont bons dos mais qui les élisent ? .Les électeurs font un choix de société depuis 40 ans ils doivent assumer .
Vous dites en ironisant que Emmaüs Lescar abhorre le mot “chiffre d’affaires”, mais vous vous foulez au pied de manière bien légère les mots” d ‘utopie” et “d’altermondialisme”….Cela me choque