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Je dis ça je dis rien...

Le 08 Déc. 2014

Lonlon, lonlère…

Vous ne comprenez pas : malgré une éducation apparemment sans failles, des histoires racontées le soir à vos enfants, des comptines chantées en voiture ou à la fin du repas dominical, vlan le verdict est tombé : vos mioches sont névrosés, et vous êtes bons pour une psychothérapie lacanienne corsée.

Nous avons enquêté, et attention, les révélations à suivre vont considérablement mettre un coup à vos préceptes éducatifs. Ne cherchez pas plus loin, les coupables sont identifiés : les comptines et autres chansonnettes, apparemment innocentes et pourtant chargées de messages violents, sexuels et largement dépravés.

Comme on vous le dit. Jugez sur pièce…

Au clair de la lune :

“Ouvre-moi ta porte, ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu”
L’histoire tout d’abord : une chanson du 18ème siècle, et qui parle de… prostitution. Donc au 21ème, on dirait : “ma chandelle est morte, je prendrai un cachet bleu pour retrouver le feu”, mais à l’époque, ce n’était pas prévu par la science. Mais bon, parler de cela à vos pitchouns, est-ce vraiment raisonnable ?

Il court, il court le furet :

Rien ne vous choque dans les paroles ? Vous ne voyez pas où est le problème ? Et si on vous dit “contrepèterie”, ça vous parle davantage ? Rhooo, mais faut tout vous décrypter : inversez le “c” et le “f”. Voilà, on ne peut pas vous en dire plus, la rédaction interdit les propos bla bla bla, mais tout de même, vous vous rendez compte de ce que vous “fourrez” dans la tête de vos progénitures ? On n’épiloguera pas non plus sur la suite de la comptine, une fois la contrepèterie identifiée : “il est passé par ici, il repassera par là”… Oh My God, mais c’est MONSTRUEUX !

À la pêche aux moules, moules, moules :

Non, nous n’avons pas un esprit mal placé qui nous fait voir le mal partout, et nous n’allons pas atermoyer sur la pêche aux moules à proprement parler. Quoique… Car c’est la suite qui nous affole : “Sont-ils de bons enfants, quand une fois ils vous tiennent, tiennent, tiennent. Sont-ils de bons enfants, ils vous font de petites caresses”. Si c’est pas de la pédophilie tout de même, c’est bien imité, non ?

Une souris verte :

“Qui courait dans l’herbe, je l’attrape par la queue, je la montre à ces messieurs, ces messieurs me disent, trempez-la dans l’huile, trempez-la dans l’eau, ça fera un escargot tout chaud”.
Histoire : apprendre que la souris verte est une métaphore pour parler d’un soldat vendéen attrapé par les Républicains et torturé, ça fait mal (enfin bon, surtout à lui, povrin’) ! Mais en dehors de cela, inculquer la torture animale aux gamins, quelle horreur ! Après ils vont vouloir faire pareil et tester la souris qui devient un escargot. Carrément dégueu ! Sans compter qu’ils vont saloper toute la cuisine avec de l’huile qui va grassouiller, de l’eau qui va mouiller, et niquer la plaque à induction tout’ neuve, brefffffff !

Nous n’irons plus au bois :

Histoire : le bois est ici utilisé pour symboliser les maisons closes qui furent fermées à l’époque. C’est pas joli-joli d’initier vos enfants si tôt à la fréquentation des péripathéti-putes, non ?

À la claire fontaine :

Un grand classique, aucun gniard n’a pu y échapper. Et pourtant : “C’est de mon ami Pierre, qui ne veut plus m’aimer, pour un bouton de rose, que je lui refusai.” Bref une histoire de pucelage que la damoiselle ne veut pas perdre, et d’un type qui la plante parce qu’il ne peut pas la pécho. De mieux en mieux, moralité, éthique, respect, droit de la femme, non vraiment, vous vous surpassez…

Jean petit qui danse :

La version occitane est apprise dans toutes nos bonnes écoles du Sud-Ouest. Vous la reconsidérerez en apprenant que Jean Petit a vraiment existé, et qu’il était un des deux protagonistes de la révolte des Croquants, en 1643, dans le Bas-Rouergue. La chanson raconte comment il fut roué de coups en place publique. Les sévices corporels, et autres châtiments physiques, maintenant. Faudra pas venir pleurer quand votre angelot sera transformé en psychopathe sanguinaire, hein…

Il était un p’tit cordonnier :

Où l’on te raconte que ce brave cordonnier allait au cabaret et buvait, et quand il rentrait, “sa petite femme, il battait”. Allez, on picole, et après, on cogne sa Gisèle, le deuxième effet “kiss cool”, en somme. Et puis ça manquait de torgnoles notre profil de schyzo-psycho-machin en devenir…

C’est la mère Michel :

“qui a perdu son chat”… Taratata et carabistouille, qui a perdu sa chatte, en fait ! On nous ment, on vous ment, et ce qu’on oublie de dire, c’est que la mère Michel a perdu sa virginité, que c’est une Marie-couche-toi-là, une dépravée, et puis voilà !

Ne pleure pas Jeannette :

C’est vrai ça, Jeannette, tu fatigues tout le monde à chouiner comme ça, rien que parce qu’ils vont pendouiller ton homme, et d’ailleurs comme t’es pénible, on va te pendouiller z’aussi, zou, ça t’apprendra…
Et vous OSEZ encore chanter des trucs aussi ignobles à vos enfants ? Parents indignes, va !

Enfin bon moi, je dis ça, lalère, je dis rien, lonlon…

 

Gracianne Hastoy

3 commentaires au sujet de cet article

  1. Pourquoi se préoccuper de nos enfants ou petits enfants, faisons déjà un bilan sur nous même!

    Vous par exemple, Gracianne, en avez-vous été traumatisée, allez-y posez-vous sur le divan, racontez-nous … mais comme d’hab avec votre pointe d’humour.

  2. Mais, charmante Gracianne,
    il s’agit là d’une savoureuse tradition très ancienne qui traverse les siècles et les langues. Dès le XVI siècle, on se fourrait le doigt dans l’oeil, sans jamais s’éborgner…
    Pour le XXième les exemples sont nombreux. Si Dominique nique, nique, nique, Annie aime les sucettes à l’anis et diana Ross passe de l’upside down à inside out sur un rythme endiablé .
    Mille mercis pour ce délicieux début de semaine

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