Ca ne va pas fort, dans l’automobile, en ce moment. Après le pénible épisode Volkswagen, qui nous a pris pour des billes et va rappeler pour modification 8,5 millions de véhicules rien qu’en Europe, voilà que sur injonction des écologistes, c’est le diesel qui est en ligne de mire.
Pire, il est même touché/coulé, puisque le gouvernement vient d’annoncer que son prix va être augmenté, tandis que celui de l’essence baissera. D’ici trois mois, attendons-nous donc à une première hausse de 3 centimes du diesel. Et ce n’est qu’un début.
Ce qu’il faut savoir…
3 centimes, car à la hausse de 1 centime annoncée la semaine dernière, il faut en ajouter 2 autres au titre de la taxe carbone. Tragique ? Pas encore, car les taxes représentent aujourd’hui 56,4% sur le diesel contre 62,5 pour l’essence, soit un écart de taxation de 16 centimes, que l’État entend réduire d’ici 2017.
Nous ne connaissions pas notre bonheur, avec notre diesel affiché en moyenne à 1,10 euro le litre (contre 1,35 en Italie et 1,50 en Grande-Bretagne, mais 0,97 au Luxembourg) et une moyenne européenne à 1,18 euro.
Histoire de faire passer la pilule, la recette obtenue devrait aller à « l’allègement de la fiscalité locale des contribuables modestes, et notamment des retraités » ce qui fait immanquablement penser à feu la vignette automobile dont les bénéfices devaient aller aux petits vieux, qui n’en ont jamais vu la couleur.
La mesure va en priorité toucher les constructeurs, car si deux tiers du parc des particuliers (19,8 millions de voitures) carburent au diesel, les ventes tombent en piqué depuis l’annonce de la mesure. À tel point que cet été, il s’est davantage vendu de moteurs essence que de gasoil…
Quant aux propriétaires de voitures diesel, ils sont les dindons de la farce, avec des voitures invendables à l’occasion, même si une « prime à la conversion » va passer de 500 à 1.000 euros et qu’un bonus de 10.000 euros sera accordé aux propriétaires de véhicules diesel de plus de quinze ans pour acheter une voiture électrique. On est en plein rêve de technocrate !
N’oublions pas non plus les agriculteurs et les transporteurs routiers, qui ont déjà prévenu qu’il entendaient un maintien de la fiscalité actuelle, ce qui devrait à terme, mettre du monde sur le pavé, avec manifestations du type bonnets rouges ; pas sûr qu’à un an et demi des élections présidentielles, nos dirigeants s’y risquent après avoir montré leur bonne volonté écologiste lors du grand Barnum de la COP 21 de décembre.
Une dernière réflexion : le diesel pollue-t-il plus que l’essence ? À voir, car un véhicule diesel consomme à la fois moins de carburant et émet moins de CO2 qu’un autre à essence. En revanche, il est moins performant sur les émissions d’oxyde d’azote, considérées comme responsables de cancers.
Mais la généralisation du turbo et de l’injection directe sur le moteur essence augmente fortement ses émissions de particules, dont la nocivité est encore mal connue. Et si, pour le diesel comme pour d’autres choses, on ne se pressait pas avant de tout chambouler ?