L’Aquitaine et l’Aragon, par les voix de leurs présidents, viennent d’exprimer à nouveau leur volonté de remettre en service la ligne ferroviaire transpyrénéenne entre Pau et Canfranc, inaugurée en grandes pompes en 1928. Elle était ambitieuse avec son fameux tunnel hélicoïdal à Sayerce, véritable exploit technique pour l’époque, et ses 15 ouvrages d’art entre Bedous et la frontière. Elle était prometteuse, et pourtant elle n’est jamais venue à maturité, sombrant même dans l’abandon en 1970 à l’occasion d’un déraillement.
Cette ligne va t-elle renaître de ses cendres ? Pas simple, d’autant qu’on n’y comprend vraiment plus rien dans la stratégie française de développement des liaisons ferroviaires.
Tour d’horizon…
Revenons d’abord à la liaison Pau-Canfranc. Alors que s’achèvent les importants travaux de remise en état du tronçon entre Oloron et Bedous, alors que l’Aquitaine et l’Aragon réclament haut et fort la liaison Bedous-Canfranc, la Sncf, elle, remplace de plus en plus les trains par des bus pour transporter les voyageurs entre Pau et la capitale du Haut-Béarn. Cherchez l’erreur !
Mis à part cette incroyable contradiction, la question reste d’actualité : faut-il investir 400 millions d’euros (au bas mot) pour réactiver cette ligne ? La réponse est écrite dans son réel potentiel de retombées, mais aussi dans la concurrence d’autres projets comme la fameuse TCP (Traversée Centrale des Pyrénées).
Là, c’est Midi-Pyrénées qui travaille depuis des années avec l’Aragon pour créer une ligne européenne à très grande capacité, sous le Vignemale. Une véritable autoroute ferroviaire qui permettrait un transfert de 40 millions de tonnes de fret par an entre la route et le rail, afin de soulager efficacement les axes littoraux. Le projet est en couveuse. Va t-il ressortir ou rester définitivement au placard ?
Côté atlantique, ce n’est pas plus simple. Un autre projet d’autoroute ferroviaire, celui-ci entre Dourges et Tarnos, devait aboutir en 2016. Il est en panne sèche. Son ambition ? Transporter 85.000 poids lourds par an, pour faire face à un trafic en croissance exponentielle, et ainsi libérer d’autant les routes et autoroutes.
Bon. Il y a quelques mois, on se disait qu’une liaison ferroviaire entre Saragosse et Pau avait vraiment du sens, avec l’arrivée de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) jusqu’à Pau et Tarbes. C’est raté. Y a plus de sous. C’était pourtant un axe européen prioritaire et majeur entre la France et l’Espagne. Le haut débit ferroviaire arrivera à Bordeaux, peut-être irriguera t-il un jour Toulouse et Dax (dernier calendrier prévu : aux calendes grecques), jamais il n’atteindra Hendaye et encore moins Pau et Tarbes.
Oublions ces détails. Quelle est la pertinence d’une liaison ferroviaire Pau-Canfranc ? La demande est pressante du côté aragonais, avec la gigantesque plateforme logistique développée à Saragosse, en connexion rapide avec les métropoles et grands ports espagnols. Mais voilà. Le besoin de nos voisins est à moyen terme de 40 millions de tonnes de fret ferroviaire par an, alors que la ligne Pau-Canfranc pourrait absorber au mieux 1,5 million de tonnes. D’accord, c’est mieux que rien.
Oui, mais il y a les touristes… Ah bon ? Oui, un train safari pour voir les ours de la vallée d’Aspe. Ou un train gastronomique pour faire le plein de fromage…
Franchement, ne vaut-il pas mieux, avant d’aborder la montagne, améliorer la ligne Tarbes-Pau-Dax (en espérant que les rats de Denguin ne mangent plus les caténaires), et la liaison Hendaye-Toulouse qui est si laborieuse ?
Comme dirait notre consoeur, Gracianne Hastoy : je dis çà, je dis rien…
En attendant, c’est la question du jour de PresseLib’.
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C’est de la pure folie, cette ligne Pau-Canfranc alors qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses. On déraille complètement, non ?
Ben, c’est facile. Puisque c’est avec nos sous. Le gaspillage continue au lieu de s’occuper de l’essentiel
On aurait du remettre en service cette ligne depuis longtemps. Aujourd’hui, est-ce bien raisonnable ?
Le seul bon projet est celui de la traversée centrale, à la hauteur des Hautes-Pyrénées, pour déboucher vers Toulouse et la Méditerrannée, en plus de Bordeaux et Paris. Mais effectivement, cela va de pair avec le TGV. Hélas…
Les liaisons avec l’Espagne devraient être une priorité. Malheureusement, on a planté la LGV au Pays basque et la ligne de chemin de fer du Somport ne semble guère réaliste.
D’accord. Je ne connais rien au dossier, mais je constate que jusqu’à Bordeaux ça avance, côté espagnol aussi, et chez nous, entre Bordeaux et l’Espagne c’est le néant ou presque pour les grands projets d’avenir. Il faudrait que nos élus se rebellent contre leurs homologues de Bordeaux et Toulouse. Cette ligne Pau-Canfranc, c’est une franche rigolade par rapport aux autoroutes ferroviaires qui se préparent un peu partout.
D’accord avec vous, si la région peut trouver 400 millions qu’elle les mette pour faire arriver la liaison grande vitesse à Hendaye et à Bayonne.
Ne nous trompons pas, c’est un leurre pour tenter de faire oublier le dossier TGV avorté. La nouvelle grande région se moque bien de ce qui peut se passer en Béarn. Tout s’arrête à Bordeaux
Bonjour à tous,
Pour répondre à André de Tarbes, le seul bon projet serait de revoir nos modes de consommation
pour “revenir” à des productions et donc des consommations de proximité. Ce serait un moyen de redynamiser les tissus locaux, lutter contre le chômage et le désoeuvrement des jeunes générations,
qui cherchent ailleurs ce qu’elles ne trouvent plus chez elles!
Cela permettrait du même coup d’atténuer en partie, la surconsommation d’énergie!
Le gros problème c’est la sécurité sur cette route. Il vaut mieux dépenser ces millions à améliorer cette voie hyper dangereuse et parfois mortelle
Même si ça coûte cher, il faut refaire cette ligne. C’est très important d’avoir une liaison par train entre Pau et Saragosse. Bien sûr, elle sera limitée mais elle ouvrira certainement de nouvelles relations.
Avec l’argent économisé en ne rénovant pas cette ligne, c’est à dire en ne donnant pas du travail aux entreprises locales pourra recruter de nouveaux fonctionnaires et augmenter les autres.