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Une autre lecture des élections en Catalogne

Le 28 Sep. 2015

Le pari raté d’Artur Mas et l’éclosion du centriste Albert Rivera

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L’inconvénient de commenter « à chaud » un sujet, quelques minutes après un événement, c’est que l’on manque de recul et donc qu’on écrit beaucoup de bêtises, agrémentées de nombreuses approximations.

Ce fut le cas au sortir des élections catalanes, où le « Cava » coulait à flot chez les partisans d’Artur Mas. Car les chiffres ont délivré des résultats bien éloignés des sondages et des espoirs de certains.

Ce qu’il faut savoir…


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Artur Mas

Précisons d’emblée : il ne s’agissait pas là d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne, mais d’une élection régionale. Tout au plus, de compter les partisans d’une séparation douce avec l’Espagne, via le nombre de suffrages accordés aux partis. Et de ce point de vue, la gifle est sévère pour les indépendantistes, qui ne dépassent pas les 48 %.

La liste « Junts pel Si » d’Artur Mas, le président catalan n’atteint pas la majorité absolue (62 sièges, à 6 points du but), perdant 9 sièges par rapport à 2012 et devra donc s’allier à la CUP, le parti sécessionniste radical, de gauche, anticapitaliste, euro et antieuropéen (10 sièges). Un mariage de la carpe et du lapin, entre une formation libérale et une autre antisystème.

 


catalogne3Rien ne dit que la jonction se fasse et que la présidence de Mas soit acquise. Ce qui constituerait une surprise majuscule et un arrêt brutal des revendications séparatistes. Car les petits arrangements entre partis, qui pourraient permettre une majorité absolue en sièges, ne saurait masquer la réalité : en voix, les indépendantistes ont été battus (47,8 % contre 51,6 %).

Reste que la Catalogne est plus divisée que jamais, que les partisans de l’indépendance sont désormais châtiés par les urnes, quoiqu’ils affirment vouloir maintenir leur référendum portant sur l’indépendance dans dix-huit mois, et que l’immobilisme de Madrid ne peut rester en l’état. C’est la première leçon du scrutin.

 


RIVERA
Albert Rivera

La seconde est que cette élection a vu l’éclosion d’un parti de centre-droit, Ciudadanos, mené par Albert Rivera, qui triple ses voix et s’affirme au fil des scrutins comme un concurrent sérieux pour le Parti populaire, qu’il a dominé en Catalogne. Pas de doute, ces élections régionales catalanes sont pleines d’enseignements.

Qui l’aurait dit il y a une semaine ?

3 commentaires au sujet de cet article

  1. Majoritaires en sièges mais minoritaires en nombres de suffages, l’élection catalane semble donner de la voix aux régions de l’europe qui prédisaient l’indépendance acquise avant même l’élection.

    Mais les choses ne se sont pas passées ainsi ni pour les indépendantistes ni “les espagnolistes” comme on le dit dans la presse espagnole.

    Les binômes en politique restent simplificateurs ou réducteurs quant aux résultats.

    Sur cinq millions de votants, un pourcentage de 70 % et plus parfois ont participé au vote, mais les régionalistes n’ont pas obtenu plus de 2 millions 200 mille suffrages, ce qui semble aux yeux de l’espagne un résultat moindre quant au plébiscite requis pour aller vers l’indépendance.

    A l’heure où l’europe doit unir davantage la fédération de ses peuples, l’espagne sa nation et ses régions, l’autonomie provinciale poussée à l’extrême expose à quelques risques de séparation à terme du corps commun qui bâtit l”avenir d’un pays.

    L’euskadi suit avec précaution les résultats catalans.

    Elle sait d’expérience du passé oublié pour certains que l’autonomie régionale en bonne entente parlementaire avec l’état espagnol donne davantage de pouvoirs provinciaux qu’un affrontement idéologique et territorial ouvert avec l’autorité suprême du pays.

    La Navarre et l’Euskadi ont en Espagne plus d’autonomie de pouvoir aujourd’hui que toutes les autres provinces réunies.
    Doivent-elles nourrir le projet de l’indépendance régionale ?

    Elles y réfléchiront sans doute à nouveau..

    Dans un contexte international incertain, plein de menaces, et de fragilités les citoyens de la base tout autant que les édiles et parfois davantage que ces derniers maintiennent l’ardeur guerrière des militants radicaux qui voient dans les échéances électorales la solution illusoire à leurs problèmes du moment.

    Les élections générales espagnoles dans quelques semaines diront en grandeur effective si la poussée indépendantiste catalane était une fièvre d’automne ou une poussée du printemps espagnol !

    esponde

  2. Merci d’éditer cette analyse qui va à l’encontre de tout ce qu’on a pu lire et entendre. Vous ne faites donc pas partie de ces troupeaux qui répètent ce qu’ils entendent. Notez que je m’en étais déjà rendu compte !
    Continuez à nous surprendre.

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