Vous avez présenté avec Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, le projet d’extension de la fibre sur tout le territoire. Pourquoi en faites-vous une priorité ?
Nicolas Patriarche – Avec le développement rapide de l’usage d’Internet au niveau des particuliers comme des professionnels, l’accès au très haut débit (supérieur à 30 mégabits par seconde) devient une nécessité. Aujourd’hui, 95% de la population bénéficie du haut débit avec l’ADSL et le réseau Iris initié en 2003, 4% utilise le Wimax et 1% le satellite. Mais ce n’est plus suffisant. En effet, l’augmentation du nombre de connexions simultanées dans chaque foyer (avec 4 à 5 appareils en moyenne : ordinateurs, smartphones, tablettes…) et la multiplication des services en ligne exigent plus de débit. Il est donc de notre mission d’y répondre le plus rapidement possible.

Comment allez vous procéder ?
N. P. – La fibre optique est la solution la plus performante. L’objectif est de la faire arriver dans tous les foyers d’ici 2022, sachant que dans certaines zones une solution intermédiaire est la montée en débit. Ceci, avec l’installation de nouveaux NRA (noeud de raccordement d’abonnés) pour améliorer les performances de l’ADSL chez l’usager. Etant donné, l’importance de l’investissement au niveau de la fibre, nous avons lancé une étude avec un cabinet spécialisé pour faire l’inventaire des réseaux existants (électricité, téléphone…) utilisables pour la fibre. Il nous faut également prendre en compte l’évolution de la 4G puis de la 5G pour adopter les bonnes solutions zone par zone.

Qu’en est-il du calendrier et du financement ?
N. P. – L’étude doit être finalisée pour l’été prochain et le Département présentera un plan ambitieux fin 2016. L’investissement total est estimé à environ 75 millions d’euros et nous allons déposer un dossier au Fonds national pour la Société Numérique (FSN). Nous travaillerons aussi en étroite collaboration avec les intercommunalités et les communes qui ont la compétence numérique pour trouver les bonnes solutions, territoire par territoire. Nous voulons que le département soit à la pointe du très haut débit pour le confort de ses habitants, mais aussi parce que le numérique est un atout essentiel du développement économique.

Où en est l’agglomération paloise ?
N. P. – L’agglomération de Pau a été la première à installer un réseau très haut débit avec le Pau Broadband country, en 2003. Mais aujourd’hui, on ne compte que 28.000 abonnés pour 62.000 prises disponibles. Il reste don beaucoup à faire. Parallèlement, nous prenons d’autres initiatives comme le wi-fi gratuit en ville qui sera étendu progressivement. Il offre un débit limité qui permet la navigation sur Internet et l’envoi/réception des mails. C’est un service essentiel pour les visiteurs, mais pas seulement. Il doit permettre de développer une nouvelle communication entre les villes de l’agglomération et leurs habitants.

Quel est le rôle de l’Agence départementale du numérique ?
N. P. – Elle a été créée en 2003 par le Conseil général pour développer les usages du numérique à travers des projets concrets. L’Agence départementale du numérique a 3 axes prioritaires. D’abord, l’administration électronique. Par exemple, l’agence a mi en place une plateforme très performante pour les marchés publics. Elle travaille aussi pour le compte du Département sur un projet d’archivage numérique de tous les documents produits par l’ensemble des collectivités locales et des services de l’Etat. Le deuxième axe est l’e-éducation au collège qui permet de varier les situations d’apprentissage, d’adapter la pédagogie à chacun et d’ouvrir les élèves sur le monde. Nous organisons aussi des journées d’échanges (Eidos64) particulièrement enrichissantes. Notre troisième priorité est l’e-solidarité avec des enjeux importants, par exemple pour le maintien à domicile des personnes âgées et le développement de la domotique.