J’ai acheté un truc épatant, et j’ai regardé à deux fois la notice tellement c’est incroyable. J’ai acheté un piège sexuel. Piège sexuel, piège sexuel, est-ce que j’ai une tête de piège sexuel ? En fait, c’est pas pour moi, puisque pour être un piège, encore faut-il avoir envie d’attraper quelque chose, non ?
C’est pas pour Lulu cochon d’Inde non plus, il est tellement beau qu’il n’en a pas besoin et dans sa cage il est seul, alors…
Non, c’est un « piège sexuel pour mites alimentaires », c’est écrit sur la notice et c’est un bout de carton collant sur lequel on a mis des phéromones de mites. Vous collez ça à l’intérieur de vos placards de cuisine et là, le spectacle peut commencer.
Les « mecs-mites » arrivent en rangs serrés attirés par l’hormone sexuelle de « nana-mite », et là, c’est la grande fête du sexe dans le placard de la cuisine. A tel point qu’ils en meurent d’amour dans la grande tradition romantique les « mecs-mites », scotchés qu’il sont au sens propre sur le carton collant !
Fascinant, parce que forcément de voir ça, ça donne des idées et on se prend à imaginer ce qu’il se passerait s’il venait l’idée à un chercheur du CNRS de faire des recherches applicables…aux humains par exemple. Bonjour l’angoisse, c’est trop efficace ! Mais bon, juste un peu dans un parfum par exemple.
C’est imparable, c’est sûr, mais, parce qu’il y a toujours un « mais », il parait que chez les humains, au bout de trois ans, les phéromones n’agissent plus. En fait, ils agissent juste le temps de permettre la reproduction de l’espèce, la nôtre bien sûr, et après pffft, terminé, on se réveille, et de l’autre côté du bol du petit-déjeuner, on voit l’autre comme il est et non comme les phéromones nous le montraient. Dur, non ?
Enfin bon, il suffit de le savoir…Mais là, la petite droguiste à qui j’achète mes pièges à mites, en se mettant en cheville avec des chercheurs, elle pourrait imaginer un patch légèrement dosé en phéromones, juste pour que tout d’un coup les ronflements intempestifs du conjoint recommencent à nous paraître aussi charmants et émouvants que dans les débuts…
Et puis on peut remplacer les phéromones par la gentillesse, l’attention et l’écoute, rien que des bonnes choses qui ne passent pas. Fonder son attachement sur des vraies valeurs et non sur une attirance qui doit tout à une hormone passagère, prendre le temps de se connaître, de s’approcher doucement de l’autre, redécouvrir les vertus de l’attente…
Pasquine L’Islet