L’aventure Cachou continue ! Imaginés en 1880 par le pharmacien toulousain Léon Lajaunie, les illustres bonbons ont été ballotés de groupe en groupe depuis la fin des années 80. Mais leur production, elle, n’avait pas bougé depuis un moment.
Mi-février a été « inaugurée » la ligne de production de Cachou Lajaunie, déménagée en fin d’année dernière dans l’usine toulousaine de Mondelēz, située à proximité du parc de Fontaine Lestang, rue Gamelin. Auparavant installée zone Thibaud, un peu plus au sud, elle emploiera toujours 3 personnes à la production des quelque 18 tonnes de pastilles Cachou consommées chaque année.
C’était la plus petite ligne de production du groupe agroalimentaire américain, qui serait aujourd’hui le cinquième acteur du secteur en France. Pour ce « déménagement », il en aura coûté 1,5 million d’euros à Mondelēz, qui en aurait au total investi 30 dans ses 9 sites de production français l’an dernier.
Ici, il s’agissait pour le géant de gagner en compétitivité en agrégeant Cachou aux productions toulousaines déjà rassemblées sur un même site, le seul de l’Hexagone à opérer à la fois dans plusieurs métiers, à savoir la panification (12 tonnes produites chaque jour, marques Heudebert et Pelletier), les barres céréalières (13 tonnes/jour pour la marque Grany, leader en France avec une part de marché de 28%) et maintenant la confiserie via Cachou Lajaunie.
Avec 10.000 boîtes sortant chaque jour de la ligne, la petite pastille de 6 grammes reste une valeur sûre. Au total, le site de production toulousain de Mondelēz emploie dorénavant 82 personnes.
Des ventes à redynamiser…
Il s’écoulerait aujourd’hui 3 millions de boîtes de Cachou chaque année, pour l’essentiel en France, contre environ 10 au tournant du millénaire. Un chiffre qui paraît donc avoir progressivement diminué depuis l’époque du fameux spot de pub ultracourt et un brin provocant. Mais l’activité se maintient, même en ces temps de concurrence exacerbée, et l’on sent bien qu’un petit rafraîchissement de la stratégie marketing pourrait permettre de redynamiser les ventes… Car pour ce petit bonbon qui s’apprête à fêter ses 140 ans, les modes vont et viennent mais la recette reste, en dépit de toutes les aventures vécues par Cachou Lajaunie, marque successivement détenue par les Laboratoires Pierre Fabre, la société Parke Davis, Kraft Foods et Cadbury, avant que ce dernier ne soit racheté en 2010 par le même Kraft, devenu Mondelēz International.
Désormais, le petit bonbon fait donc partie d’un grand groupe, numéro un mondial du biscuit et des bonbons, qui a réalisé 26 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017 et compterait plus de 80.000 salariés dans le monde, dont 3.000 en France.
Au final, on peut donc dire que dans une industrie agroalimentaire de plus en plus difficile, la vieille affaire de Léon Lajaunie a su défier le temps. Pour l’anecdote, l’enseigne « Pharmacie Lajaunie », vendue par le patriarche dès 1891, existe elle aussi toujours : elle a depuis élu domicile route de Seysses, dans un petit centre commercial, à deux pas de la zone Thibaud. Léon avait vendu ses Cachou en 1905 à la famille Sirven, qui les a conservés tout au long du XXe siècle.
Doué pour le commerce, l’ex-pharmacien, après avoir cédé ses pastilles pour 200.000 francs, s’était assuré jusqu’à sa mort une redevance d’un centime par boîte vendue. Pour profiter des vieux jours…