Nostalgie, quand tu nous tiens… Voici soixante ans, un grand oiseau blanc prenait son envol du côté de Blagnac. Un peu bruyant, certes, mais facilement reconnaissable avec ses réacteurs à l’arrière du fuselage et non plus sur les ailes, il allait pour longtemps porter haut les couleurs de l’aéronautique française et demeure dans nos souvenirs comme un morceau du patrimoine national.
Son nom : la Caravelle, la bien nommée.
Ce qu’il faut savoir…
Un petit bijou pour l’époque, dont les innovations seront pompées par tous les constructeurs par la suite. La nacelle à l’arrière du fuselage, donc, le décollage et l’atterrissage entièrement automatisé, ensuite, même avec vingt mètres de plafond et deux cents mètres de visibilité horizontale. Des premières mondiales. Un avion si fin qu’il a pu effectuer un vol plané de Paris à Dijon, comme ça, juste pour le fun.
Cent compagnies aériennes l’ont exploité, tant pour transporter des passagers que pour le fret. L’avion d’une époque en noir et blanc, avec en figure de proue le général De Gaulle, qui l’utilisa avec tante Yvonne plus qu’à son tour.
La fin est moins glorieuse. Il fut ainsi reconverti en moyen de transport par les trafiquants de drogue colombiens, ce qui leur permettait de transbahuter dix tonnes de cocaïne par rotation. Si vous passez dans le coin, les autorités mexicaines ont saisi deux Caravelles utilisées par les mafieux, aujourd’hui rouillant du côté de la base de Santa Lucia.
C’est en Afrique que l’avion effectuera ses ultimes voyages, la société Gabon Express étant la dernière à l’utiliser jusqu’en 2001. La fin de notre oiseau national, dépassé par ses concurrents offrant davantage de sièges, et un plus grand rayon d’action, rentabilité exige.
Aujourd’hui, on ne peut plus voir voler un seul exemplaire des 282 fabriqués. Encore que les jeunes générations l’aient aperçu dans le clip vidéo « Pour un infidèle », chanté par Cœur de pirate et les plus anciens aient encore en tête la chanson d’Hugues Aufray « La blanche Caravelle ».
Bien plus qu’un avion, un mythe soixantenaire, qui reste à jamais dans nos mémoires.
On peut la retrouvée au nouveau musée Aeroscopia à Toulouse