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REGARD - Le jour d’après 

Le 10 Avr. 2020

Peut-on parler de demain lorsqu’on est encore dans l’urgence et que l’incertitude sur l’avenir est telle ? Point de vue…

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Toutes les grandes crises ont conduit à des remises sur le métier d’ensemble et celle-ci comme les précédentes. Le passé oblige à une certaine prudence : rappelons-nous les suites de la première guerre mondiale… plus jamais ça, la der des der !


Le bilan des suites de la seconde guerre mondiale est plus partagé : d’un côté, l’Etat-providence, l’ONU et l’indépendance des anciennes colonies, puis les Trente glorieuses ; de l’autre la guerre froide, la course aux armements, la succession de crises internationales, les réfugiés et les morts des guerres locales.
Aujourd’hui, la seule certitude à ce stade est que l’on ne retrouvera pas le monde d’hier, même après trois mois de purgatoire, mais que ne s’installera pas non plus une forme de fraternité universelle.

Il va falloir affronter toute la complexité de la situation et on est loin de la mesurer encore complètement. La transition d’un état à un autre promet d’être longue et risque de donner lieu à des affrontements sur les termes d’un nouveau partage.

Trois dimensions paraissent devoir dominer les débats à venir : la coopération, la solidarité, la régulation. Leur traduction prendra différentes formes, à commencer par une remise à plat des leviers d’une plus grande équité dans nos sociétés, centrée sur trois domaines : l’éducation, la santé et le logement


Une réallocation des ressources publiques sera nécessaire à l’appui de ce recentrage sur l’équité qui passera par une interrogation de fond sur la place des dépenses militaires dans les budgets des États.

Il faut s’attendre à une contractualisation des engagements pris par les entreprises dans le cadre de la RSE (responsabilité sociale d’entreprise) pour assurer une véritable convergence des actions du public et du privé pour le bien commun.

Autre évolution probable : une présence plus forte de l’échelon européen sur la régulation des sujets les plus déterminants pour l’avenir, à commencer par la lutte contre le réchauffement climatique (notre toujours autre urgence du moment) ou encore la protection de la personne humaine contre les dérives technologiques.


Le renforcement de l’action européenne s’imposera également pour organiser la réflexion et l’action sur les risques, la prévention des crises et l’urgence. On peut penser aussi que le développement de la crise actuelle devra nécessairement conduire à redéfinir les critères financiers de bonne gestion, en traitant à part les investissements qui seraient engagés dans ces domaines.

Quant à la réorganisation des filières de production dans de nombreux secteurs, elle sera incontournable pour réduire notre dépendance dans un monde qui ne sera plus celui de l’économie globale. C’est l’un des immenses chantiers de demain.

Enfin, on peut espérer – l’histoire ne va malheureusement pas dans ce sens, mais la profondeur de la crise actuelle pourrait en changer le cours tant la survie de la planète est en jeu – que la gouvernance mondiale, si faible dans les dernières années, soit relancée sur quelques grands thèmes : le climat, les pandémies, les réfugiés et mouvements migratoires, le désarmement, afin d’appuyer efficacement l’ensemble des actions engagées au plan national et régional.

Il faudra bien travailler sur ces pistes et sur d’autres pour dessiner progressivement le monde qui vient. Dans le même temps, les enjeux sanitaires et économiques des prochains mois seront un test ultime de résilience de nos sociétés et un seul mot comptera alors : la solidarité.

TM


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