Le 2 décembre dernier, Jacques Morgantini s’est éteint à l’âge de 95 ans. Basé à Gan, il a permis aux amateurs de rencontrer les grands du blues et de jazz. Il était une véritable encyclopédie vivante de ces univers.

N°2 du mythique Hot Club de France, il a créé en 1945 l’antenne paloise qu’il a menée de main de maître jusqu’à son dernier souffle. Ses relations amicales avec Lionel Hampton, Milton Buckner, Muddy Waters, Jo Jones, Panama Francis, mais aussi John Lee Hooker et Memphis Slim.
Avec son épouse Marcelle, Jacques Morgantini développe de nombreux contacts aux États-Unis, et invite plusieurs artistes de jazz et de blues à se produire en France. Il organisera même des enregistrements, sous le label Black & Blue créé avec Jean-Marie Monestier, avec des stars comme John Lee Hooker et Memphis Slim dans son studio de Gan ou en live.

Au fil des ans, Jacques et Marcelle Morgantini sont devenus incontournables, forçant le respect de tous par leur connaissance de cette véritable « offrande du peuple noir américain à la musique mondiale ». Mais aussi en organisant de multiples concerts avec les stars naissantes.
Le Béarnais a écrit de très nombreux articles et critiques musicales autour du blues et du jazz. Il est aussi à l’origine de multiples compilations à partir de disques de sa collection personnelle.

Entre 1975 et 1977, il enchaîne les enregistrements « live » avec son fils Luc, alors âgé d’une vingtaine d’années. Sous le label MCM (Marcelle Chailleux Morgantini), son épouse édite ainsi des vinyles remarquables. Certains, réalisés dans les petits clubs de Chicago sont à l’origine de la carrière internationale de nombreux artistes comme Magic Slim, Jimmy Johnson et Big Voice Odom. Ils délivrent aussi le seul enregistrement au monde de Bobby King.
Leur travail et leur passion pour la « musique du diable » sont retracés dans le documentaire musical « Mémoire de Blues » paru en 2016.
« En 2017, un Keeping the Blues Alive Award, décerné par la Blues Fondation de Memphis, honore le passeur pour l’ensemble de son oeuvre. Jacques Morgantini entre vivant dans l’épopée qu’il a contribué à forger : la légende du blues » souligne Bruno Pfeiffer, membre l’Académie du Jazz.