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Feuilleton de l’été – Enfin le Tibet, jour 27

Le 22 Août. 2018

Fin du voyage : Vous reprendrez bien un peu de désert ?

Ne pas penser qu’il s’agissait d’une arnaque, ne surtout pas le penser. Ne pas regarder la façon de procéder avec répulsion, ni faire de comparatifs avec la gentillesse désintéressée des asiatiques. Le tour au Désert avait bien commencé avec le « secouant » dune-bashing, un vrai moment de rires et d’adrénaline.


Mais ensuite, parqués dans un enclos (littéralement), tout était devenu payant (alors que le tour du désert coûtait déjà 60 euros). Un tatouage au henné ? Le gratuit couvrait l’auriculaire, avec un vilain henné de petite qualité. On voulait plus ? Une fille aux limites de l’hostilité dégainait sa rengaine : « jusqu’au poignet, 20 dirams, jusqu’à la moitié de l’avant-bras, 30 dirams, jusqu’au coude, 40 dirams… », ok.

On but l’eau de coco la plus chère du monde, 50 dirams ! Et un tout petit coco en outre. Elle pensait aux énormes de son Mexique avec nostalgie. Un souvenir ? Allez, ces tours clignotantes imitant les hôtels de Dubaï, 30 dirams. Un tour de chameau ? Pour le chameau gratuit, deux pauvres bêtes exsangues donnaient un tour de 20 mètres. Pour le joli tour dans les dunes de 10 minutes, un chameau jeune et en pleine forme, narguait ses compères dans un coin. 100 dirams !


On pensa avec effroi à ce qu’il faudrait payer en sus pour participer ce soir au dîner-barbecue avec spectacle. Mais non ! Ça, c’était du vrai. Un bon repas oriental, suivi d’un spectacle vraiment de qualité. Danse du ventre, derviches tourneurs, cracheurs de feu, dans la nuit qui s’allumait sur Dubaï.

La blague venait en sortant où, sous prétexte de regonfler les pneus des jeeps, les chauffeurs essayaient de vous obliger à sortir de la voiture, pour se faire assaillir par des hordes de vendeurs. On décida de ne pas broncher et de jouer les imbéciles : « yo extranjero, no comprender nada ».


Voilà, c’était fini. Le temps de passer à l’hôtel récupérer ses valises, de foncer à l’aéroport immense de Dubaï et seize heures de vol plus tard, elle se poserait à Dallas (dormirrrrrrrrrrrr !) avant de prendre son vol de connexion pour Mexico. Le jet-lag lui servirait à camoufler le ballet des émotions. Et elle l’ignorait encore mais il lui faudrait un gros mois pour s’en remettre, physiquement et émotionnellement.

Cette impression d’avoir vécu un rêve éveillé. De voir le reste du monde comme une immense illusion. De sentir qu’il n’existait de vérité absolue que derrière les montagnes de l’Himalaya, dans un pays secret et lointain. Là, l’on touchait à l’essence de la vie, à l’essence de soi, oui ce voyage l’avait bel et bien changée.

Désormais elle savait que le pays de ses rêves existait, avec ses cimes neigeuses, ses temples chargés, ses enseignements sacrés, sa philosophie et psychologie différentes, ses moines et son peuple merveilleux. Et qu’elle allait vouloir y retourner. Plus longtemps, plus profondément. Dans cette vie ou celles d’après.

Pour s’en rappeler, toujours, elle décida de signer une dernière fois, non du nom de Laya Croves mais de son nom tibétain : Karma Tsewang Lhamo.

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