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Hommages unanimes à la tarbaise Yvette Horner

Le 12 Juin. 2018

Elle laisse 150 disques, vendus à près de 30 millions d’exemplaires. Et bien des souvenirs pour chacun d’entre nous…

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« Ton accordéon me fatigue, Yvette, si tu jouais plutôt de la clarinette ? » Quelle drôle d’idée que celle proposée par Antoine, dans les années 60 ! Un peu comme si on demandait à Rostropovitch de se mettre à la batterie !


Car on n’imagine pas notre Yvette, qui vient de nous quitter à l’âge de 95 ans, loin de sa Tarbes natale à laquelle elle était si attachée, à Courbevoie, dans la région parisienne, jouer autre chose que de son cher piano à bretelles.

Yvette, quand on prononce son nom, ce sont des tas de souvenirs d’enfance qui nous reviennent en mémoire : une rousse aux cheveux de feu et aux dents du bonheur (un mot qui lui va bien), juchée sur la Citroën Traction Avant floquée de la marque de fers à repasser Calor, sur la caravane du Tour de France, coiffée d’un sombrero et mêlant ses flonflons aux vivats de la foule, de 1952 à 1963, l’époque en noir et blanc des Coppi, Bobet et Anquetil. « Ce que j’ai pu manger, de moustiques, debout sur le toit » disait-elle en souriant…

 


On ne s’étonnait pas de la retrouver reine des Six Jours, en 1954. Ou revêtue de sa robe ubuesque, signée Jean-Paul Gaultier, qui l’avait choisie comme l’une de ses égéries. Sans oublier ses duos improbables, avec Boy George, Charlie McCoy, Samson François, Didier Lockwood, Lio, ou dernièrement avec Julien Doré le déjanté. Ou encore sa prestation place de la Bastille, sous la direction de Quincy Jones, lors du Bicentenaire de la Révolution, en robe à paillettes bleu-blanc-rouge.

 


Depuis, les hommages pleuvent : celui de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, saluant « l’icône populaire », de Julien Doré : « Adieu, Yvette, ces quelques moments avec toi étaient fort chouettes » ; de Bernard Montiel « La diva virtuose de l’accordéon n’est plus. Elle jouait, souriait, virevoltait en même temps. »

C’est sans compter sur les millions d’anonymes qui, en silence auront aujourd’hui une pensée pour elle.

 


Quant à Gérard Trémège, maire de Tarbes et résident de la Communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées, il a rendu hommage à la Grande Dame de Tarbes. « Tarbaise de naissance, l’immense accordéoniste Yvette Horner était l’incarnation même de la ville, dont elle était « citoyenne d’honneur » depuis 2001 (distinction remise par le maire Gérard Trémège). En 1996, elle avait été également nommée officier de l’Ordre de La Légion d’Honneur et était commandeur de l’Ordre National du Mérite depuis 2002. Sur les marches du Théâtre des Nouveautés, dirigé à l’époque pas ses grands-parents, elle s’est longuement entraînée. Le foyer du Théâtre porte d’ailleurs son nom depuis 2013. En 2014, le Conseil municipal décide de baptiser une rue et une place du nord de Tarbes en hommage à la bigourdane championne du monde d’accordéon ».

 


Ce que l’on sait moins, c’est qu’elle était une remarquable interprète, qui valait bien mieux que son traitement « populaire », forcément réducteur. 1er prix de piano du conservatoire de Toulouse, alors qu’elle n’a que 11 ans, elle remporte la Coupe du monde d’accordéon en 1948, le Grand prix du disque de l’académie Charles Cros, puis donnera au cours de sa carrière plus de 2.000 concerts, s’imposant à jamais comme la reine de l’accordéon et l’une des Françaises préférées du pays. Selon Maurice Béjart, elle était « à cheval entre le savant et le populaire ». C’est le plus beau compliment qu’on pouvait lui faire.

Repose en paix, Vévette, et merci de ne pas avoir choisi la clarinette.

 


 

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