Sacré challenge pour le Chantier naval de Socoa, successeur des anciens Chantiers Ordoqui, créés dans les années cinquante, qui n’a pas hésité à se lancer dans la construction d’un voilier révolutionnaire, en matériau composite ultra résistant, susceptible d’aller affronter tempêtes et glaces, là bas au loin, du côté du Cap Horn. Car l’entreprise de Pascal Darrieux-Juson était jusqu’alors connue pour ses fameux “Couralin” adaptés pour la pêche en mer ou en rivière. De petites embarcations, fiables et performantes, qui ont permis au chantier de se faire la main et de voir plus grand.
Qu’on en juge.
Car cette fois, il s’agit de la construction d’un voilier de 14,5 mètres, de type Pedregal, muni d’une quille rétractable qui, une fois déployée, peut s’enfoncer de quatre mètres sous l’eau. Mais l’innovation de ce voilier, qui ne possède pas encore de nom, réside dans sa méthode de fabrication. Afin d’acquérir davantage de robustesse, on utilise ici la méthode du sandwich : deux couches de fibre de verre et de résine époxy, entourant de la mousse PVC solidifiée. De quoi affronter les mers les plus hostiles, et un système bien plus fiable que celui des coques en acier, connues pour leur lenteur sur l’eau.
Le voilier, mis en construction depuis trois mois, commence à trouver sa forme définitive, mais s’agissant d’un prototype, il ne devrait voir le jour qu’à l’hiver prochain, avant de subir une batterie de tests, qui se dérouleront certainement dans la baie de Socoa. Si tous les paramètres sont validés, il fera route vers la Terre de Feu, à l’extrême sud du continent sud-américain, face au canal de Beagle et jettera l’ancre du côté de la petite ville chilienne de Puerto Williams.
Si le coeur vous en dit, vous pourrez alors le louer et devenir un vrai cap-hornier, puisqu’il pourra accueillir huit personnes et deux marins. Le propriétaire, un Basque encore anonyme, qui va investir entre 300.000 et 400.000 euros dans son mirifique projet, a tenu à le faire construire au pays, ce qui indirectement, va crédibiliser la démarche d’excellence du Chantier de Socoa. Du gagnant-gagnant, en quelque sorte.
Bon vent !