Les dégâts constatés à la suite des crues du Gave de Pau d’octobre 2012 et juin 2013, en plus de la modification du paysage liée au volume considérable de sédiments transportés par le cours d’eau, ont largement motivé cette initiative qui a débuté en 2017.
À l’époque, l’Agence de l’eau lance un appel à projets « Villes et territoires intelligents pour l’eau ». S’appuyant sur les travaux de la thèse réalisée par Rabab Yassine, doctorante au Pays de Lourdes et des Vallées des Gaves (PLVG), ce dernier répond, dans le cadre d’un consortium avec EDF et deux entreprises innovantes Tetraedre France et Ogoxi-Ogoxe. Le projet est retenu.
« Il s’agit de la création d’un observatoire et la mise en place d’outils pour gérer l’hydro- morphologie du Gave de Pau, et mieux appréhender sa dynamique sédimentaire. D’une part, l’installation de six stations fixes permettra l’observation continue des écoulements liquides et solides. On dispose pour cela de tout un panel d’instruments de mesure traditionnels, comme des capteurs radars pour la hauteur de l’eau, ou le turbidimètre, mais aussi moins communs, comme le géophone (capteur de vibration des sédiments) ou l’hydrophone (transducteur électroacoustique). D’autre part, nous allons utiliser des outils moins coûteux, comme la topographie ou des images time-lapse, pour une observation plus ponctuelle » détaille Benoit Thouary, du service prévention des inondations du PLVG.
Mais ce qui retient surtout l’attention des médias en ce mois de février, c’est la mise en place de galets communicants, en amont de l’ancien lac des Gaves, qui pourraient bien faire parler d’eux dans quelque temps.
« Ces galets sont en fait équipés de puces RFID, comme celles que l’on trouve sur les vêtements dans les magasins, qui vont nous permettre de suivre leur déplacement dans le temps et l’espace. Nous pourrons savoir notamment s’ils arrivent à transiter à l’aval de ce lac » explique Benoît.
Sur ces neuf cents “PIT tags”, huit cents sont passifs. Il s’agit de galets naturels du Gave, mesurant de 22 à 256 mm, qui ont été pucés par les agents de la brigade verte du PLVG. Les cent autres, dits actifs, sont des galets artificiels, dont la puce enrobée émettra un signal qui pourra être capté par un drone, contrairement aux passifs qui demanderont un travail long et minutieux puisqu’il faudra passer à moins d’un mètre avec une antenne pour les détecter.
La suite dépendra aussi des intempéries et des événements hydrologiques à venir. En cas de crue importante, les galets pourraient se retrouver enfouis sous des sédiments, ce qui compliquera leur recherche. A contrario, une période de sécheresse, comme celle de 2019 ou 2020, priverait les chercheurs de données comparatives.
« Cet observatoire est expérimental, et en plus de la recherche scientifique, s’ajoute la R&D pour les deux entreprises qui ont mis au point le matériel éprouvé et développé dans le cadre de ce projet. Mais s’il nous permet de démontrer la relation entre débit liquide et solide, ce sera un grand pas pour la gestion des crues, la protection des populations, et la préservation des milieux aquatiques. L’équilibre d’une rivière passe par le transport des sédiments ; si ce n’est plus possible, elle va éroder les berges… » conclut Benoît.
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