SINGLE CREATEUR

Erik de Laurens, Edouard de Dreuzy et Scale

Rubriques : Economie Pays Basque
Le 12 Oct. 2020

A Bayonne, les deux cousins ont inventé la scalite, un matériau à base d’écailles de poissons, pour remplacer le plastique…

L’écaille de poisson comme alternative au plastique : il fallait y penser ! Aujourd’hui en France, seulement 22% du plastique est recyclé. Les 78% restants sont soit brûlés dans des centrales thermiques, soit enfouis sous terre, polluant l’air dans un cas, les sols dans l’autre, soit finissent en mer.


Erik de Laurens était designer dans un cabinet d’architecte londonien et Edouard de Dreuzy était issu de la filière commerciale avant d’être entrepreneur et de créer plusieurs entreprises (dans l’édition, le e-site…). Erik de Laurens a commencé, il y a six ans, à réfléchir à la manière de remplacer le plastique par un matériau issu du vivant, recyclable voire compostable.

Les recherches du jeune homme s’orientent vite vers l’alimentaire et les poissons. « Il allait régulièrement s’approvisionner chez les poissonniers londoniens qui lui donnaient toutes sortes d’écailles de poissons exotiques » raconte Edouard de Dreuzy.


A l’été 2017, de retour en France, Erick de Laurens explique ses recherches et parle de ses prototypes à Edouard de Dreuzy, les deux hommes décident alors de s’associer pour créer ce matériau. C’est ainsi que l’entreprise Scale est née, au début de l’année 2018.

Ce nouveau matériau est intégralement conçu à partir d’un coproduit de la filière pêche aujourd’hui peu valorisé. En Europe on estime le gisement de matière première (les écailles de poissons) disponible à 16 kilotonnes par an.


Un produit naturel et biodégradable…

L’écaille de poisson est transformée en un matériau que l’on peut découper et compresser. La première étape a été celle de l’approvisionnement. Depuis leurs débuts, les créateurs font affaire avec un mareyeur breton qui leur fournit des écailles de sardines. « Les écailles s’enlèvent naturellement lors du rinçage et bouchent les éviers. Maintenant ils nous les donnent » raconte Edouard de Dreuzy.

« Le processus de transformation est simple : collecte de la matière première, nettoyage, transformation en poudre et thermocompression pour faire des plaques » note Edouard de Dreuzy. Le produit final se présente sous forme de plaques (en fonctions des moules fabriqués) de couleurs différentes selon le colorant alimentaire qu’on y ajoute, avec des motifs légèrement marbrés et mordorés.


Les applications de la scalite peuvent être nombreuses : objets de design, packaging ou montures de lunettes, elle peut surtout être une alternative viable au plastique et devenir, par exemple, de la vaisselle recyclable. « La scalite est principalement composée d’écaille de poissons, il n’y a pas d’autres adjuvants, c’est une matière biodégradable issue du vivant. Les écailles de poisson sont une matière première abondante car elle n’était pas utilisée, c’est donc une nouvelle ressource flexible » assure l’un des dirigeants de Scale.

Autre avantage de la scalite, elle peut être fabriquée partout. Face à ses nombreux avantages, la scalite essuie pourtant un inconvénient de taille : « Sa résistance à l’eau est insuffisante, ce qui constitue un avantage et un inconvénient. Pour le moment, la scalite se désintègre au contact de l’eau en quelques jours. Nous sommes en train de travailler sur la question. Nous essayons de faire en sorte que la scalite puisse se détériorer toujours au contact de l’eau mais moins rapidement » indique Edouard de Dreuzy.


Bayonne au cœur du projet…

Pour Scale, l’installation à Bayonne était logique : « Je vis à Bayonne depuis huit ans maintenant. Nous voulons installer notre local dans la région car ce territoire est proche de la mer et de l’Espagne, qui est un plus gros pays pêcheur que la France. C’est aussi une région dynamique et très diversifiée en termes d’entreprises » expose Edouard de Dreuzy.

« Être proche des pêcheurs est aussi très important pour nous, car ils nous apportent la matière première et ont une nouvelle source de revenus liée à leur activité » affirme Edouard de Dreuzy. Grâce à Scale, les écailles de poissons, considérées comme un déchet, sont transformées en matériau utile et biodégradable.

 


2019, une année charnière…

« Nous recherchons actuellement un local près de Bayonne pour installer Scale le plus tôt possible. Nous voulons aussi embaucher des ingénieurs mécanique et chimiste afin de compléter l’équipe de Scale » révèle Edouard de Dreuzy.

« Et il nous reste le plus important à faire : trouver des marchés pour produire et commercialiser la scalite. Nous sommes beaucoup sollicités par des entreprises issues de divers domaines, tels que l’architecture, l’ameublement, l’optique ou le marketing. Mon cousin et moi avons l’intention de nous concentrer sur deux domaines pour le moment : les montures de lunette, avec une capacité d’innovation très intéressante pour la scalite, et le design, les luminaires par exemple, car cet univers va valoriser notre innovation » assure le co-dirigeant de Scale. « Pourquoi pas, dans les années qui viennent, rechercher de nouveaux matériaux biodégradable » pour en finir définitivement avec le plastique.

Informations sur le site internet


3 commentaires au sujet de cet article

  1. bonjour
    je suis pecheur professionnel sur le lac du bourget et votre projet a retenu mon attention car je produit entre 500 et 600 kgs d’ecaille par an ce sont essentiellement des écailles de corégones (ecailles argentées et très brillantes) qui représentent environ 8%du poids des poissons péchés.je ne connais pas vos besoins mais la récolte des écailles de l’ensemble des pecheurs des lacs alpins pourrait vous apporter queques tonnes d’écailles supplémentaires.
    vous pouvez me contacter par mail ou par telephone au 06.75.04.74.84.
    cordialement.r.bouvier

  2. Bonjour, je suis un jeune sénégalais de 24ans et fils d’un mareyeur. Etant animé pour une volonté d’entreprendre, j’ai décidé de faire des recherches sur une éventuelle transformation des écailles de poissons et je suis tombé sur vous. Je tiens tout d’abords à vous dire que j’ai beaucoup d’admiration pour ce que vous faites, c’est hallucinant.
    Ici au Sénégal ont compte plus de 450.000 tonnes de poissons de toute espèce pêchés par an et il y a une grande opportunité à faire affaire notamment avec les milliers de femmes qui travaillent comme écailleuses de poisson.
    Les écailles sont jetés soit en mer soit laissés dans la nature; et je suis quelqu’un qui s’inquiète beaucoup pour cette dernière.
    Je vous laisse mes contacts au cas où vous serrez intéressés par une éventuelle collaboration. J’aimerai vraiment travailler avec vous car je connais très bien le domaine du poisson.
    Cordialement, Ababacar Ndoye.
    Tel: 00 221 77 780 42 72

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