Honnêtement, de Chetumal, je ne connaissais que les données obligatoires : son nom en maya yucatèque est “Ch’aak Temal” (Où grandissent les arbres rouges), et qu’elle est capitale du Quintana Roo. Une autre interprétation de son nom aurait rapport avec le dieu Chaac de la pluie, que tu connais désormais, et signifierait donc “Ici où descendent les pluies”.
Pour une ville connue comme un lieu d’ouragans (la ville a été détruite en 1955 par l’ouragan Janeth et en 2007 par l’ouragan Dean), rien d’étonnant.
Et…
Historiquement, la ville m’intéresse, car elle devrait être le théâtre du deuxième tome de ma trilogie maya, avec le fameux Gonzalo Guerrero dont je t’ai soufflé deux mots à Tulum. Ici, la conquête espagnole a eu du mal. Mais je n’en dis pas davantage, faut pas que je grille toutes mes cartouches trop à l’avance. Sache toutefois que c’est du lourd, côté histoire certes, côté coeur aussi. J’aime bien les histoires d’amour qui finissent bien, on ne se refait pas…
Bon, mais à vrai dire, je m’attendais à détester Chetumal, et c’est tout le contraire qui s’est produit. Le malecón (bord de mer) est plein de vie, le matin les sportifs s’y croisent gentiment, et la marche y a été agréable, même si Coba capitule toujours au bout de 5 petits kilomètres, et que je suis contrainte à bien des turpitudes pour continuer la marche sans lui.
Ah, j’ai encore fait une sacrée affaire avec ce chien qui m’a abusée en me laissant penser que 10 kms n’étaient rien pour lui ! Toutefois, comme il est un excellent “lien social” avec les populations (“Oh qu’il est mignon” étant la phrase systématique d’introduction, où je me hâte d’enchaîner sur l’histoire de son adoption faisant toujours son petit effet, c’est parfait), je lui pardonne ses fainéantises pédestres… Et sa boulimie, mais c’est un autre sujet (qu’est-ce qu’il bouffe !!!).
Donc Chetumal, là où débute le Mexique comme le dit la jolie inscription colorée du malecón (Donde inicia Mexico), est agréable le matin certes, mais pas seulement. Pendant les vacances ou le dimanche, ses habitants vont à Calderitas, le village voisin (quasiment collé à la ville) manger des fruits de mer, se baigner dans les eaux turquoise (elles !) de la mer (peut-être grâce à la conversation farouche des mangroves !), ou dans les piscines des restaurants, après une petite visite (gratuite le dimanche) à la pyramide d’Oxtankah. J’ai tenu à m’y rendre très symboliquement, car c’est vraiment la dernière pyramide maya avant le Belize, nous sommes à la frontière-frontière.
Mais il y a autre chose à relever ici. Chetumal aime vivre le soir. Vers six heures, les petits stands et carrioles de vendeurs ambulants s’installent sur le malecón, et la foule arrive.
Il y a ici un concert de rock, là un spectacle de musique tropicale, là-bas une piste de patin à roulette, ou des voitures à pédale pour les enfants, ainsi que le bus à impériale qui fait visiter la ville.
Surtout, je suis interloquée par l’attraction gastronomique (le mot est mal adapté, on est loin ici de ris de veau délicieux ou d’une tarte à la rhubarbe meringuée) de l’endroit. Les churros sont détrônés par les fameuses Marquesitas. Ils en vendent PAR-TOUT. Amis fervents du gloubi-goulba, qu’est donc la Marquesita ?
Ta super reporter qui n’en savait rien non plus, est partie enquêter sur le terrain (enfin sur le malecón). Mais en voyant préparer la mixture a jugé préférable de ne pas y goûter : une crêpe au départ, fourrée de queso-crema Philadelphia (un genre de mascarpone au goût de Kiri, pour te faire une idée), d’un peu de fromage râpé, le tout enduit de Nutella, ou de confiture de lait (la cajeta), ou de vermicelles de couleur. Parfois des trois à la fois ! Doit faire dans les 8000 kilo calories la Marquesita, et s’avère gavée de gluten, au secours.
On comprend mieux que les Mexicains viennent de battre les Américains au grand concours mondial de l’obésité ! On pourra toujours se rabattre sur un “Machacado” également prisé, un smoothie de fruit frais mais “amélioré” avec du lait concentré sucré ! Fuyons avant de prendre dix-huit kilos, viteeee…
Calakmul devrait faire l’affaire. Pas de marquesitas en vue, et l’obligation de faire des stocks de nourriture et d’eau avant d’entrer dans la réserve. Ascétisme, quand tu nous tiens… (enfin, presque).
Laya Croves
Diaporama 1 – Chetumal
Diaporama 2 – Oxtankah
