Alors que le chancre coloré continue de faire des ravages sur les platanes plus que centenaires, une nouvelle maladie s’attaque aux peupliers replantés, tandis que la pollution s’insinue pernicieusement.
Et certains s’inquiètent de l’éventualité d’un déclassement de ce site inscrit depuis 1996 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Il aura suffit d’un champignon microscopique (mais terriblement résistant à tous traitements) pour qu’en quelques années la fière chevelure du Canal du Midi soit envahie par ce mal sournois.
Il y a dix ans, 42.000 platanes longeaient les 241 kilomètres de ses eaux bucoliques. Mais depuis 2006, ils sont 20.500 à avoir succombé aux mâchoires d’acier des tronçonneuses, seule solution possible pour endiguer l’épidémie. En fin d’abattage 2018, la perte s’élèvera à 22.000.
Bien entendu, dès 2011, Voix Navigable de France (VNF), instance gérant le Canal du Midi, a entrepris un plan de sauvetage incluant replantations (8.100 arbres à ce jour) et restauration de 16 kilomètres de berges.
Malheureusement, le peuplier, une des essences principalement retenue, succombe à son tour à la petite Sésie, un insecte qui affaiblit considérablement l’arbre. Exit donc les peupliers en remplacement des platanes. A ce contretemps malheureux, vient s’ajouter la pollution des eaux par les péniches dépourvues de cuves de récupération, et l’envasement des déchets.
Le remède avait un coût estimé à 220 millions d’euros lors de son lancement, répartis entre VNF, les collectivités et le mécénat (grand public, donateurs et entreprises). Les dons ont été en forte augmentation l’an dernier, grâce à une campagne de communication porteuse et l’organisation de nombreux événements caritatifs en faveur du projet.
Côté institutionnel, la Région Occitanie va accélérer sa participation financière via un contrat de Plan État Région. Afin de répondre aux exigences de l’Unesco dont le prochain rapport d’évaluation aura lieu en 2019, la gestion sera plus encadrée.
Quand on sait que les retombées économiques du canal sont estimées par les VNF à 44 millions d’euros par an, on comprend aisément le désir et la nécessité de conserver le précieux label.
Pas de crainte de la part du gestionnaire cependant, car d’ici une trentaine d’années, la voûte arborée sera reconstituée de chênes chevelus, érables, micocouliers et pins parasols, choisis pour leur hauteur et leur capacité d’ombrage.
La poursuite des campagnes de sensibilisation et de mobilisation citoyenne permettront de mettre l’accent sur la responsabilité de tout un chacun à respecter les lieux, avec des gestes aussi simples que garder ses propres déchets, au lieu de les abandonner dans un ouvrage patrimonial vivant, qui ne lasse pas d’être contemplé, dans toute sa splendeur et sa quiétude.
Informations sur le site des VNF