Plus de 10.000 visiteurs du monde entier passeraient chaque année par cette chapelle où l’on honore les mordus de la balle ovale qui ne sont plus… Un endroit unique où l’on peut aussi admirer une impressionnante collection de maillots d’hier et d’avant-hier. À voir absolument !
TF1, L’Équipe, France Télévisions : les grands médias se sont récemment bousculés à Larrivière-Saint-Savin, village landais de 650 âmes où se trouve la fameuse chapelle dite de « Notre-Dame du Rugby », fondée par feu l’abbé Michel Devert, homme de dieu et (demi) de mêlée, en hommage à Jean Othats, Raymond Albaladejo et Émile Carrère, ces 3 anciens de l’US Dax décédés en septembre 1964 dans un tragique accident de la route.
L’édifice, patiemment restauré, fut inauguré en juin 1967 par l’évêque de Dax Robert Bézac. L’effervescence médiatique actuelle est évidemment liée à l’occasion de la Coupe du monde. De retour tous les 4 ans, elle permet au moins de mettre en lumière le beau travail de mémoire de l’association locale des amis de la chapelle.
Parmi les 10 à 20.000 visiteurs qui se rendraient chaque année sur place, il en viendrait non seulement de partout en France, mais aussi de toutes les grandes nations de rugby des deux hémisphères, à l’exemple d’Augustin et Dolores, récemment venus d’Argentine avec leur petite fille et un beau paquet de maillots des différentes provinces de leur pays.
C’est que l’on a généralement coutume d’apporter sur place un maillot, mais plutôt en hommage à un joueur ou à un amoureux du rugby disparu. Pas loin de 200 maillots sont aujourd’hui exposés à l’intérieur de la chapelle, mais aussi 430 autres dans le musée voisin, créé en 2010.
Entre maillots de légende et Vierge au ballon…
Ces derniers sont issus de la prodigieuse collection de Morgan Bignet, vice-président de l’association. Des maillots de prestige, tels ceux de son ami Olivier Merle, parrain de son fils, portés lors de diverses rencontres jouées avec le XV de France, et parfois même d’une grande valeur historique, à l’exemple de ceux portés par Fernand Cazenave lors d’un des crunchs qu’il a disputés dans la première moitié des années 50 (on laisse nos lecteurs les plus attentifs essayer de deviner lequel…) ou par Benoît Dauga pendant la tournée sud-africaine de 1971.
« Nous avons aussi beaucoup de maillots internationaux, en particulier tous ceux du championnat anglais », commente Morgan Bignet. « Cette chapelle est un endroit vraiment unique, apaisant, au calme sur sa colline. Ce lieu est pour moi très différent d’un cimetière, où l’on voit surtout des noms et des dates. Ici, on revit les choses à travers les photos, les maillots. C’est toute une époque qui est ressuscitée ».
Et ici, on reste groupés, soudés autour des fantômes de légendes du jeu aussi bien que de joueurs anonymes, entre les vitraux de la vierge « au joueur blessé », « à la touche » ou « à la mêlée ». Devant la chapelle, on est accueilli par la bienveillante statue de « la vierge au ballon », dont il paraît que les Esparteros (club de rugby de la prison de Bueno Aires) ont été porter une réplique au pape François himself, lequel la garderait « religieusement » dans son bureau.
Voilà le genre d’anecdote que pourrait bien vous conter Morgan Bignet lors d’une indispensable et passionnante visite guidée sur place. « Les Argentins sont très représentés parmi les visiteurs étrangers. Il faut dire que chez eux, les statues de la vierge sont aussi bien présentes dans les églises que dans la chambre des joueurs, dans leur bus ou dans les vestiaires », explique-t-il avec malice.
Du cierge à la chandelle, un lieu de mémoire…
On notera qu’avec les chapelles Notre-Dame-des-Cyclistes de Labastide-d’Armagnac et Notre-Dame-de-la-Course-Landaise de Bascons, nos chères Landes comptent ainsi un joli trio de sanctuaires sportifs. La chapelle du rugby est par ailleurs jumelée avec la plus récente Notre-Dame de l‘Ovalie de Rocamadour, qui compte également quelques beaux spécimens de maillots.
Sa collection, Morgan Bignet l’avait commencée avec son fils, jeune joueur du Stade Montois disparu trop tôt et qui avait eu l’idée d’un musée. Une tragédie vécue par d’autres au sein de l’association, qui ne manque jamais d’avoir une pensée pour ceux qui nous ont quittés, comme récemment le père Horace Moracchini, le jeune Pierre Lagarde ou encore Luc de la Bardonnie, président du club de Casteljaloux.
Et puis aussi pour ceux qui restent et font courageusement face. On n’oubliera donc pas que cette chapelle et son association d’amis, qui se réunissent chaque année pour une émouvante messe de Pentecôte, apportent à beaucoup un réconfort crucial.
Non, cette bâtisse n’est décidément pas qu’une petite curiosité, avec son livre d’or parsemé de petits mots gentiment anglophobes (Azincourt oblige !). C’est un haut lieu de l’ovalie. Et pas si insolite que cela. Il y a bien des Notre-Dame aux pêcheurs sur nos littoraux… Et puis si la Vierge au ballon aime les cierges, elle doit bien apprécier les belles chandelles…
Quant à nos Bleus du Japon, que l’esprit de ceux qui les ont précédés soit avec eux ! Comme dirait un certain curé des Landes pétri de bon sens : « Il suffit d’y croire… et ça marchera ».
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