Il est fascinant à tous points de vue, tant il bouscule les connaissances scientifiques depuis qu’Audrey Dussutour, directrice de recherche CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale à Toulouse, s’est intéressée de très près à celui qui ne supporte aucune classification.
Ni plante, ni animal, ni champignon, composé d’une seule cellule qui croît sans jamais se diviser (contrairement à la théorie cellulaire qui veut que toute cellule se divise en deux), et de plusieurs noyaux qui lui permettent de se nourrir, se développer, se déplacer, apprendre, mémoriser et transmettre les informations à ses congénères avec une facilité déconcertante, cet incroyable organisme – qui comptabilise à ce jour plus de 720 types sexuels ! – est apparu sur Terre il y a plus de 500 millions d’années, avant les animaux.
Rebaptisé affectueusement “Blob” par Audrey, en référence au film de Chuck Russell, le Physarum polycephalum est donc très attendu pour une expérience scientifique depuis la Station spatiale internationale, en liaison avec 4 500 écoles, collèges et lycées de France qui ont massivement répondu à l’appel à projet du Cnes et CNRS, loin d’imaginer pareil engouement.
C’est en état de sclérote, dans des boîtes de Pétri, que l’astronaute récupèrera, à bord d’un cargo de ravitaillement de la Station, quatre morceaux de blob de 0,5 cm environ. Il les “réveillera” en les réhydratant, au mois de septembre, à 400 km de la Terre. Selon deux protocoles, certains seront privés de nourriture, tandis que d’autres pourront se rassasier de flocons d’avoine.
Même processus dans les classes qui recevront des spécimens de blob issus de la même souche (LU352) que celle envoyée dans l’espace. Des séances de prises de vue permettront alors de suivre leur évolution en fonction de la gravité, et de comparer leur comportement.
La question qui brûle les lèvres est de savoir comment notre énigmatique organisme va se déplacer lorsqu’il n’est plus soumis à la force de la gravité. En 3D, vers le haut, en oblique, en piliers ?…
Si la réponse est attendue avec impatience, on imagine déjà très bien l’état d’excitation de tous ceux qui vont participer à l’expérience, à commencer par Audrey Dussutour et Pierre Ferrand, professeur de Sciences et Vie de la Terre détaché au Cnes, qui fait partie des initiateurs du projet.
On aurait presque envie de dire : « Vivement la rentrée ! »…
Informations sur le site internet du CNRS
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Photos : Audrey Dussutour, Cyril Frésillon, David Villa, CRCA, CNRS, CNES