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TALENT – Béatrice Uria-Monzon, de Lectoure aux grandes scènes internationales

Le 06 Sep. 2021

Alors que vient de sortir son premier album solo Assoluta, la soprano lot-et-garonnaise évoque pour PresseLib’ sa rencontre, pour le moins inattendue, avec la musique en terres gersoises…

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À dix-sept ans, alors qu’elle est scolarisée à Agen, Béatrice Uria-Monzon, fille du peintre espagnol Antonio Uria Monzon, n’a aucune idée de ce qu’elle aimerait faire dans la vie.


« J’étais sûre d’être collée au bac ! En plus, comme la plupart des jeunes de cet âge, je ne savais pas du tout vers quoi m’orienter. Et à l’époque, il fallait choisir un métier pour la vie ! Comme je jouais pas mal de guitare classique, j’ai émis l’hypothèse de poursuivre dans cette voie. Mais mon professeur m’a découragée d’office. D’ailleurs, j’ai souvent été découragée dans ma carrière pour des rôles que je voulais interpréter » s’amuse-t-elle.

Ses parents décident alors de l’inscrire en pension au lycée privé de Lectoure, pour y décrocher le fameux “passeport” vers la vie professionnelle. C’est là qu’elle rencontre son professeur de philosophie, Pierre Gardeil, qui acceptera de l’inscrire pour l’année suivante, en lui conseillant toutefois de tenter son examen. Et, à la stupéfaction générale, elle décroche son diplôme.


« Cela ne m’arrangeait pas du tout en fait, car je ne m’étais inscrite nulle part pour la suite. Le problème restait le même, je ne savais que faire, ni où aller. Lorsque j’en ai informé Pierre Gardeil, il m’a répondu : “Tu es inscrite, si tu veux venir, tu viens”. J’ai donc refait une terminale à Lectoure, avec un planning un peu aménagé ! ».

Il se trouve que Pierre Gardeil est passionné d’opéra. À tel point qu’il monte une chorale d’étudiants et enseignants, allant jusqu’à organiser un concert tous les ans à la cathédrale de Lectoure. Dans sa maison, à deux pas du lycée, il réunit les élèves de terminale pour les sensibiliser à la musique classique.


« Il nous racontait des histoires d’opéra en nous faisant découvrir les airs. Alors que j’étais dans le doute total à cette époque, j’ai ressenti un véritable choc émotionnel. J’ai décidé de prendre des cours de chant avec Roland Fornero, qui faisait répéter la chorale. C’est là que j’ai su que je voulais en faire mon métier, sans même parler de carrière car je n’avais aucune idée de ce qu’était une soliste, ni des efforts que cela représentait ».

D’ailleurs, si leur élève possède de vraies dispositions, ses deux professeurs de musique restent pourtant très prudents, et préfèrent ne pas trop la pousser en ce sens. Ils savent que le milieu est particulièrement difficile, qu’il ne suffit d’avoir une belle voix pour réussir ; il y a aussi la musicalité, l’interprétation… Et lorsqu’elle décide, en 1983, de s’inscrire au Conservatoire de Bordeaux, Pierre Gardeil lui conseillera de poursuivre également des études dans une faculté. Elle choisira Histoire de l’art.


La suite viendra confirmer qu’elle a trouvé, à Lectoure, sa voix… et sa voie. Mezzo-soprano de l’Opéra de Paris, elle accèdera à divers rôles, jusqu’à Carmen de Bizet, en 1993, à l’opéra Bastille, qu’elle interprètera des centaines de fois sur les plus grandes scènes nationales et internationales.

Conscient de l’étendue de sa tessiture, Raymond Duffaut, directeur des Chorégies d’Orange et de l’Opéra d’Avignon, finira par la convaincre de passer au registre de soprano en montant pour elle Tosca, de Puccini, en 2012. Malgré le doute et la peur qui la tenaillent. « Mais c’est primordial d’avoir des doutes, il faut être vigilant et se dire que, comme les sportifs de haut niveau, rien n’est acquis. Ce travail est très difficile, mais il me colle à la peau… ».


Le succès lui ouvrira dès lors de nouveaux horizons avec Lady Macbeth, la Gioconda, Adriana Lecouvreur… Des héroïnes tragiques à qui elle rend hommage dans son disque solo sorti début juin, Assoluta (label Aparté), avec l’Orchestra della Fondazione del Teatro Lirico Giuseppe Verdi di Trieste, sous la direction de Fabrizio Maria Carminati.

« C’est ma fille qui a fait les photos de cet album. Elle-même a passé cinq ans en pension à Lectoure, mais n’a pas souhaité s’inscrire à la chorale ! » confie en riant Béatrice Uria- Monzon, qui a gardé de profondes attaches avec le Gers et la famille Gardeil.

Avant d’ajouter : « Lectoure, le Gers, c’est la source même. Je n’ose pas imaginer ma vie si je n’étais pas passée par là… ».


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