Question super banco au Jeu des mille euros : quelle est cette plus grande cellule au monde, ni plante, ni animal, ni champignon, qui ne possède ni cerveau, ni système nerveux, mais est capable d’apprendre et d’enseigner à ses congénères en quelques heures seulement ?
Réponse… Le Physarum polycephalum. Qui aurait pu penser que le film de Chuck Russell « Le Blob » sorti en 2001, allait passer de la fiction à la réalité ? Enfin, pas tout à fait, car le blob, qui n’en finit pas de surprendre la communauté scientifique aujourd’hui, n’est nullement hostile aux humains. Ouf ! On a eu chaud…
Ce petit nom affectueux lui a été attribué par Audrey Dussutour, chargée de recherche au CNRS à l’université Paul-Sabatier de Toulouse, auteur de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander. Chercheuse et sûrement cinéphile donc.
Pour en revenir à notre… « chose », c’est au cours de son post-doctorat en Australie qu’Audrey, spécialiste des fourmis, est amenée à travailler sur un blob. Intriguée et captivée, elle décide de l’embarquer dans ses valises en rentrant à Toulouse.
Physiquement, le blob pourrait être issu d’une relation passionnelle entre une éponge flasque et un brocoli visqueux. Pas terrible. En fait, c’est surtout sa « beauté intérieure » qui est remarquable.
La seule cellule qui le compose – de 10m² tout de même, la plus grande au monde -, lui sert de bouche, d’yeux, d’oreilles, d’estomac, de poumons, et lui offre le choix entre 221 sexes ! Ne nous demandez pas lesquels.
Mais ce n’est pas tout. Cet organisme rampant, qui existerait depuis 500 millions d’années – on le trouve dans les sous-bois -, et adore les flocons d’avoine lorsqu’il se développe en laboratoire, est capable d’apprendre et transmettre ses connaissances aux copains… alors qu’il est dépourvu de cerveau.
Étude à l’appui, Audrey Dussutour explique dans un article publié dans Proceedings of the Royal Society, comment, avec son collègue David Vogel, ils ont enseigné à 2.000 blobs à traverser une surface recouverte de substances répulsives mais inoffensives (quinine, caféine, sel). Trois heures après avoir fusionné avec ceux qui n’avaient pas bénéficié de l’expérience, les blobs « naïfs » avaient non seulement bien reçu l’information transmise par les blobs « expérimentés », mais ils étaient de plus capables de s’en servir. Reste à savoir par quel biais.
Capable de se repérer dans un labyrinthe ou de reproduire en vingt-quatre heures une carte de réseaux ferroviaires bien plus opérationnelle que celle inventée par des humains en cinquante ans, c’est dire si les chercheurs se passionnent aux quatre coins de la planète sur les capacités stupéfiantes de cette forme de vie unicellulaire.
Les blobs (on en connaît actuellement mille espèces différentes) pourraient donc nous révéler de nombreux secrets au sujet d’organismes beaucoup plus inquiétants pour l’homme, comme les virus ou les bactéries.
Mais aussi nous renseigner sur nos origines, notre longévité, notre nutrition, nous apprendre à soigner plus efficacement le cancer, ou même aborder une nouvelle méthode d’apprentissage.
Bienvenue au blob !