Sacrée surprise pour Alain Canet, directeur de l’association Arbre et Paysage 32, lorsqu’il reçoit une réponse favorable à un appel à projet très particulier, lancé outre-Atlantique par un architecte new-yorkais à la recherche de quelqu’un « un peu fou ».
« J’ai fait cette proposition sans trop y croire, car je savais qu’on entrait dans la cour des architectes. Mais l’arbre était au cœur du sujet ; on y parlait beaucoup d’autonomie, de cohérence… et ça, c’est notre spécialité. J’ai donc présenté l’idée simplement, sur deux pages, en prenant soin d’employer les mots clés, comme fertilité, productivité, optimisation… Puis je l’ai envoyé, un peu comme une bouteille à la mer » confie-t-il.
Et ça marche ! Il y a un mois, sans nouvelles depuis la fin de l’année et en plein confinement, il reçoit une confirmation : son projet est retenu. De quoi enthousiasmer l’équipe, qui se consacre depuis vingt ans à promouvoir la place de l’arbre « non forestier », véritable outil pour relever les défis environnementaux et sociétaux.
« Il s’agit de faire pousser un jardin agroforestier sur le toit d’une tour d’une soixantaine de mètres de hauteur. Nous allons donc traiter les arbres en formation basse, c’est-à-dire que houppiers et racines ne devront jamais être très importants. Ils ne dépasseront pas la taille de deux mètres cinquante, pour soixante centimètres de terre ».
Cette enveloppe végétale autour de l’espace confié permettra de lutter contre les vents violents, les pluies intempestives, les périodes de canicule ou au contraire de grand froid.
Elle sera constituée en partie de trognes (des arbres têtards) taillées périodiquement selon une méthode ancestrale, génératrice de biomasse. En accélérant la chute de branches et de feuilles, le sol, qui se régale de recevoir cette matière première constituée de ses propres déchets, se fertilise plus rapidement.
Sous cette ceinture protectrice naturelle, pousseront des arbres fruitiers, qui serviront eux-mêmes de rideau amortisseur aux légumes et plantes aromatiques, renforcé par des plantes lianes et une treille de vigne venant fournir de l’ombre, en plus de grosses quantités de raisin de table.
Car l’idée est également d’alimenter les restaurants de la tour ainsi qu’une école, qui participeront aussi à ce cercle vertueux en recyclant épluchures, détritus, marc de café…
« Nous allons également établir un lien avec le sol, en faisant grimper du lierre –en installant des plots à chaque étage-, qui permettra une connexion dynamique végétale et animale. Il y aura une parfaite symbiose entre arbres amortisseurs, régulateurs, producteurs, arbustes, oiseaux, abeilles, fourmis, vers de terre, etc.» poursuit Alain Canet.
Le projet devrait être opérationnel début 2022, le temps de constituer un cahier des charges, d’étudier les modalités d’évolution, établir un plan de formation pour accompagner…
On peut déjà parier que cette forêt-jardin, qui suscite déjà énormément d’enthousiasme chez les urbanistes, fera de nombreux émules.
Car réussir le pari de protéger, isoler, et réduire la consommation tout en produisant fruits et légumes – hors-sol qui plus est – par le génie végétal, augure de beaux jours à la permaculture en particulier, et à l’environnement en général.
Je trouve cela génial!
Bravo.