Entre élévation des standards du haut de gamme, écrans pliables et modèles 5G, cette « grand-messe » du mobile montre que les fabricants exploitent déjà à fond les nouveaux relais de croissance. On fait le point sur les 3 grandes tendances du moment.
1 – Un marché sur le déclin ?
D’après les résultats de la toute récente étude du cabinet IDC, 1,4 milliard de smartphones auraient été vendus en 2018, soit une diminution de 4,1% par rapport à 2017. Cette tendance à la récession devrait se confirmer en 2019. En dépit de marchés assez dynamiques en Asie du sud-est, comme l’Inde, le Vietnam ou l’Indonésie, l’année a été plombée par un recul de 10% des ventes en Chine, pays où s’écoulent aujourd’hui près d’un tiers des appareils.
Du côté des fabricants, Samsung resterait leader du secteur avec 20,8% de part de marché, contre 14 à 15 pour les poursuivants Huawei et Apple. Les ventes de Samsung auraient chuté de 8% en 2018. Après des années de croissance continue, la plupart des spécialistes parlent d’un retournement lié à une saturation du marché, que tirerait désormais plutôt la demande de renouvellement.
On estime en effet qu’au moins un tiers de la population mondiale est déjà équipée d’un smartphone. Dans le même temps, les études semblent montrer que les utilisateurs sont moins enclins à changer d’appareil à la même fréquence que par le passé.
Une autre étude du cabinet Counterpoint parle d’une baisse globale des ventes de l’ordre de 3%. Seul point positif derrière cette première année noire pour le smartphone : des ventes en hausse de 18% sur le segment haut de gamme, que dominerait Apple avec plus d’un téléphone vendu sur deux.
2 – Innovation et guerre « par le haut »
Première conséquence de cette situation, que les fabricants ont eu le temps de voir venir : les leaders du secteur se concentrent sur le développement de modèles haut-de-gamme, et donc sur cette clientèle plus restreinte mais disposée à remplacer son smartphone par un appareil dernier cri.
Un appareil premium dont le prix s’accroît d’ailleurs de façon fulgurante. Car si Apple avait inventé le téléphone à plus de 1.000 euros, les prix annoncés pour la commercialisation des premiers modèles à écrans pliables devraient plutôt tourner autour… de 2.000 euros. Sur ce nouveau segment, les premiers à dégainer auront donc été Samsung et Huawei.
Le groupe sud-coréen annonce une commercialisation de son Galaxy Fold dès le printemps aux États-Unis, au prix d’environ 1.980 dollars (environ 1.730 euros, mais l’on peut s’attendre à un prix plus élevé en Europe).
Le Chinois Huawei, qui lui a emboîté le pas dimanche, en amont de ce World Mobile Congress, avec un « Mate X » encore plus fin et plus cher (2.300 euros), mettra son bijou sur le marché au second semestre.
D’autres fabricants comme Oppo, Xiaomi ou Royole ont déjà montré des prototypes, tandis qu’Apple (qui fait toujours bande à part et snobe ce congrès) aurait déposé un brevet l’année dernière (pour un modèle à deux voire 3 battants), mais aucune commercialisation n’est envisagée avant 2020.
La firme à la pomme, à l’instar d’un Sony qui a préféré travailler l’écran 21/9e de son tout nouveau Xperia 1, se montre visiblement plus attentiste autour de ce nouveau créneau du « téléphone pliant », peut-être échaudée par l’état actuel du marché. Car il n’est pas encore dit que les mordus casseront leur tirelire pour un « téléphone-tablette » vendu au prix d’une paire de tablettes haut de gamme…
Pour être complet sur ce Mobile World Congress et sortir un instant de la téléphonie, on notera que Microsoft a dévoilé la V2 de son casque de réalité augmentée HoloLens, déjà utilisé par les salariés des chaînes de montage de Renault Trucks et qui devrait bientôt équiper les GI de l’armée américaine.
Un casque qui coûtera 3.500 dollars, contre 5.000 pour la V1.
3 – La 5G dans le viseur
Au-delà des innovations récentes, ce salon des « équipementiers » du mobile est largement dominé par le sujet de la 5G, réseau qui permettra d’obtenir des débits de plus de 10 gigabits/seconde, c’est-à-dire 100 fois plus rapides qu’actuellement.
De nombreux modèles seront très prochainement mis sur le marché, tels ledit Mate X de Huawei, un Samsung Galaxy S10 5G, le Xiaomi Mi Mix 3 5G ou le ZTE Axon 10 Pro 5G, alors que le réseau ne prendra vraisemblablement son envol qu’à partir de 2020, et ne commencera à donner sa pleine mesure qu’aux alentours de 2022.
D’après le fabricant Ericsson, 20% de la population mondiale sera couverte d’ici fin 2023. Le Suédois table sur 1,5 milliard d’abonnements souscrits à l’horizon 2024. Cette 5G se présente donc comme le prochain grand relais de croissance de tous ces fabricants de smartphones. Mais il faudra attendre un peu pour que ce nouveau réseau se traduise pour eux en espèces sonnantes et trébuchantes… Et d’ici là, la lutte s’annonce rude.
Car pour l’heure, les interrogations portent surtout sur la sécurité des futurs équipements 5G de Huawei, soupçonné par Washington de laisser les services de renseignement de Pékin espionner les communications d’utilisateurs, et par ailleurs accusé vertement d’espionnage industriel (le fabricant aurait à tout le moins employé tous les moyens possibles pour s’enquérir du process de production d’Apple…).
Plusieurs pays comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont suivi les États-Unis et interdit à leurs opérateurs de déployer les produits de l’équipementier chinois. La France réfléchirait à un dispositif, mais d’autres pays comme le Royaume-Uni se sont montrés plus sceptiques sur ce caractère critique des risques liés à la sécurité des équipements 5G Huawei.
Sur le sujet, la bataille diplomatique paraît donc précéder l’âpre guerre commerciale qui se prépare…
À quoi sert le masque v2 de Microsoft svp ?