Paradoxe : les paysans sont soumis à un véritable agribashing et pourtant les Français les adorent. 85% de nos compatriotes ont une bonne opinion des agriculteurs, selon le dernier sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro. Un record !
Accusés de tous les maux, sous l’impulsion de militants écologiques ou de la cause animale, nos paysans sont plus que jamais dans le cœur des Français ; d’une écrasante majorité de Français de tous les âges, de tous les milieux, de tous les territoires.
Toujours d’après ce sondage, les agriculteurs sont largement perçus comme des gens « courageux » (92%), « sympathiques » (79%) et « passionnés » (88%) ; ils sont aussi jugés « utiles » (93%) par leurs concitoyens et « proches des gens » (69%). Verdict sans appel. Très intéressant, également, ils sont considérés comme non « pollueurs » (52%). Ce qui est un résultat très positif, alors qu’il y a quatre ans c’était l’inverse.
Tout ça pour dire qu’il est temps de trouver des solutions efficaces et durables pour leur permettre de vivre de leur travail ; ce qui est souvent loin d’être le cas. Tous les deux jours, un agriculteur se suicide, étranglé par les emprunts et sans ressource. Beaucoup travaillent à perte, malgré des horaires qu’aucun salarié ne supporterait.
L’enjeu est bien de trouver les moyens de sortir d’un assistanat, aussi désagréable qu’aléatoire. Les solutions passent notamment par une meilleure régulation des marchés, une large révision des politiques agricoles européennes, et l’application de la récente Loi alimentaire. Mais aussi par la proximité et les territoires. A cet égard, les nouvelles chambres d’agriculture qui viennent de sortir des urnes, ont un rôle essentiel à jouer.
Zoom sur les Pyrénées-Atlantiques…
C’est Bernard Layre, auparavant président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (Fdsea), qui est désormais à la tête de la chambre consulaire du 64. Il pourra s’appuyer sur une majorité solide sortie des urnes, grâce à la nette victoire de la liste portée par la Fdsea et les JA (Jeunes agriculteurs). Cette dernière a réalisé un score en hausse avec 55% des voix, dont 61% sur le Pays Basque dans le collège des chefs d’exploitation.
« Les résultats ont dépassé nos espérances, avec l’une des plus fortes participation en France (54%). Ce qui doit nous permettre de construire un projet ambitieux qui sera présenté dès le 15 mars à Saint Palais » précise Bernard Layre. « Les chantiers sont nombreux, mais l’une des priorités est le revenu des agriculteurs et les prix à la production. Ils doivent pouvoir vivre de leur métier ».
« Il est indispensable de promouvoir une agriculture départementale et de valoriser nos richesses. Il faut créer de la valeur et qu’elle revienne aux producteurs ». Cela passe par, bien entendu, par des produits de qualité et pas uniquement les seuls produits labellisés.
Le projet s’attachera aussi à défendre la pluralité des modèles agricoles pour développer une agriculture adaptée à la pluralité des marchés. Avec évidemment les marchés de proximité et la vente directe, en circuits-courts, qui permet déjà à des exploitations de redevenir viables et pérennes. Mais aussi le bio, les conventionnel, l’export…
Autre sujet majeur, la transmission agricole. « Il faut savoir que sur le département les deux-tiers des agriculteurs de plus de 55 ans n’ont pas de suite assurée » insiste le président de la Chambre. Le projet visera également la recherche de solutions pour les territoires de montagne et du piémont exclus de l’ICHN (Indemnité compensatoire des handicaps naturels) ou encore le renforcement d’une agriculture respectueuse de l’environnement.
Plus que jamais, la Chambre d’agriculture veut jouer pleinement son rôle « d’outil de proximité à la fois collectif et individuel, pour permettre à tous les projets d’aboutir. Pour cela, nous avons constitué un Bureau équilibré pour représenter les différents territoires et les différentes filières ».
Le nouveau Bureau de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, élu pour 6 ans, est composé de 12 membres : Bernard Layre de Caubios, président ; Patrick Etchegaray de Landabat (1er vice-président) ; Maryvonne Lagaronne de Gestas (2e vice-présidente) ; Sébastien Uthurriague de Larrau (3e vice-président) ; Pierre Moureu de Mazerolles (4e vice-président) ; Iban Pebet de Bussunarits, président des JA du 64 (secrétaire général) ; Philippe Basta d’Arzacq, Sylvain Bordenave de Lasseube, Nathalie Boscq d’Ordiarp, Anne-Marie Doumecq d’Accous, Guy Estrade de Boumourt et Corinne Nousty de Monein (secrétaires adjoints).