Il faut croire que cela va mal, même très mal, pour que les trois présidents des Chambres consulaires du Gers, Rémi Branet (CCI), Guy Sorbadère (Chambre de métiers) et Bernard Malabirade (Chambre d’agriculture) fassent front commun.
D’autant plus qu’ils étaient entourés de Corinne Favarel, la présidente de l’Union professionnelle des artisans, Christophe Dartus, président départemental du CNPA (Conseil national des professions de l’automobile), Michel Nascimbène, président de la SMECSO, Stéphane Aïo, entreprise de transport, et Jean-Philippe Johan, assureur pour le compte des professions libérales.
Rappelons que la colère gagne tout le pays à la suite de la décision du gouvernement d’augmenter les taxes sur les carburants, alors que le prix du pétrole continue de grimper. Résultat les prix à la pompe ont bondi de près de 25% pour le diesel et de 15% pour l’essence. Les conséquences sont très lourdes à la fois pour les particuliers qui ont besoin quotidiennement de leur voiture, notamment en milieu rural, mais aussi pour les professionnels de nombreux secteurs qui voient leurs coûts s’envoler.
Et ce n’est pas tout puisque nos gouvernants ont annoncé d’autres augmentation des taxes, le 1er janvier prochain : +6,5 centimes sur le litre de diesel et +2,9 centimes sur le litre d’essence.
Un peu partout en France les appels à manifester le 17 novembre prochain se multiplient pour bloquer le pays. Des pétitions sur Facebook dépassent déjà le demi-million de signatures ?
Le Gers se mobilise…
Les chambres consulaires et les professionnels du Gers ont voulu alerter, avec fermeté, les autorités sur les impacts négatifs qu’auront ces augmentations sur le développement économique du département ainsi que sur les salariés.
Rémi Branet, président de la CCI du Gers, n’y va pas par quatre chemins en affirmant « qu’on met des semelles de plomb » aux artisans, aux transporteurs, au secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), aux infirmières libérales, aux aides ménagères… Enfin bref, à toutes les entreprises et tous les salariés qui ont besoin d’un véhicule pour travailler ou aller sur leur lieu de travail. Rémi Branet a également souligné le cas des représentants de commerce qui, outre la hausse du prix des carburants, ont peur de se faire piéger par la limitation de vitesse à 80 km/h et de perdre des points sur leur permis de conduire, « ils sont en stress permanent ».
Et Michel Nascimbène, président de la SMECSO, d’ajouter « qu’aujourd’hui ses employés qui faisaient 8 maintenances par jour ne peuvent en faire que 7. Quant au poste gasoil, il va augmenter de 40.000 euros sur l’année. Le travail au noir a de bons jours devant lui ».
De son côté, Corinne Favarel rapporte que selon Isabelle Péreira, présidente des taxis du Gers, « la profession est carrément au fond du trou en effectuant quasiment 100.000 km pour des interventions médicales dont les tarifs sont gelés depuis 3 ans ».
Pour Guy Sorbadère, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat, « les entreprises sont les premiers collecteurs de l’impôt pour l’Etat. Nous avons beaucoup d’inquiétudes, car on ne sait pas où l’on va avec ce prélèvement à la source et l’augmentation du gasoil. Je me demande comment vont réagir les salariés. Les mesures actuelles sont faites pour les démotiver par rapport à la notion de mobilité ».
Bernard Malabirade, président de la Chambre d’agriculture, estime que « la France n’a pas su prendre les bonnes décisions pour la transition énergétique, à contrario de l’Allemagne qui depuis de nombreuses années a installé des milliers de méthaniseurs. Nous ne sommes pas contre la transition énergétique, mais nous avons l’impression qu’il s’agit surtout de remplir les caisses de l’Etat. Il faut prendre le temps pour la mettre en place ».
Christophe Dartus, président départemental du CNPA, est particulièrement remonté contre la taxe CO2 « qui est un frein au commerce des véhicules neufs et d’occasions. Cette taxe peut aller jusqu’à 22.000 euros pour un véhicule ».
Enfin, Stéphane Aïo, propriétaire d’une flotte de 60 poids lourds, dévoile « qu’il y a une recrudescence de vols de gasoil. Toutes les semaines sur route et autoroute, nous sommes volés par des gens qui n’hésitent pas à crever les réservoirs. Nous allons dans le sens de la sous-traitance avec des transporteurs étrangers ».
Reste maintenant à savoir si cette initiative gersoise sera suivie de beaucoup d’autres dans le département et sur l’ensemble du bassin de l’Adour. Il semble que l’on se dirige vers des mobilisations spectaculaires, le 17 novembre mais aussi avant et après.
Réalisé avec le Journal du Gers et Jean-Bernard Wiorowski
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