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Karola : couverture

Feuilleton de l’été – Enfin le Tibet, jour 17

Le 06 Août. 2018

En route vers l’Everest : fantômes, chiffons volants, chien lion, yaks, glacier et lac turquoise…

On quitta Lhassa de très bonne heure, car la route pour rejoindre Shigatsé était longue. Shigatsé, la deuxième plus grande ville du pays, et ancienne capitale. Ce soir, on y dormirait, avant de partir pour le camp-base de l’Everest, obtenir le permis des autorités chinoises (pendant ce temps-là, marché !), équiper les chauffeurs de grosses doudounes, charger les bouteilles d’oxygène et autres préparatifs.


En route vers l’Everest : Cairn
En route vers l’Everest : Cairn

Ce fut l’occasion de découvrir un Tibet plus sauvage, plus « paysan », et toujours aussi magnifique. Les gardiens de troupeaux et leurs 200 chèvres qu’on s’arrêtait saluer, un restaurant de campagne où l’on déjeuna toujours de façon délicieuse même si rustique, un stoupa hanté à Gyantsé (elle décida de ne pas raconter cette anecdote aux lecteurs sous peine de finir enfermée dans un asile psychiatrique, mais ils étaient 24 à nécessiter l’enfermement alors, car on savait ce qu’on y avait vécu !), à écouter de la musique chinoise à fond dans la camionnette, à s’arrêter aux postes de contrôle chinois (il valait mieux ne pas être trop « possessif » envers son passeport qui était réclamé chaque minute), mais surtout à admirer le lac Yamdrok-Tso et le glacier Karola.


Gyantse
Gyantse

La légende – encore une – prétendait que le lac Yamdrok-Tso était né de la transformation d’une déesse. Les pèlerins y venaient chaque année, se prosternant tous les trois pas. Il était si sacré qu’une embarcation ne pouvait pas le traverser, mais lorsqu’il était gelé, les villageois des alentours s’y aventuraient pour en ôter les bouses de yak (leur combustible favori).


lac turquoise
Lac turquoise

L’un des trois lacs les plus sacrés du Tibet se remarquait surtout pour la couleur turquoise de ses eaux, contrastant avec le paysage foncé des montagnes l’environnant. On racontait qu’en certains endroits, il atteignait les 60 mètres de profondeur. Facile de comprendre alors que le « lac turquoise » soit aussi surnommé le « stock de poissons du Tibet » ! Ses dimensions étaient impressionnantes, 638 kilomètres carrés, à 4.500 mètres d’altitude.


Yaks
Yaks

Sur sa berge, on put admirer et se faire prendre en photo sur les yaks, ou s’extasier devant le mastiff (dogue du Tibet). Le Do-khyi en tibétain, ou littéralement « gardien de portes », également connu comme le « Chien de l’Himalaya ». Avec son poids de 55 à 80 kilos, il valait mieux en connaître un rayon sur les chiens de protection, car il était capable de vous réduire en pièces. Certains, à l’état sauvage, autour du camp-base de l’Everest, se nourrissaient de restes humains ! La façon brutale dont on traitait les quelques-uns exhibés ici pour les touristes ne leur donna aucune envie de s’en approcher. On se contenta de leur réciter des mantras de protection. C’était plutôt triste de voir ces molosses, abattus, déprimés, et loin de leur noblesse originelle.


lac turquoise
Lac turquoise

Plus loin, on vit soudain le paysage changer, la neige apparaître. Pourtant on était encore loin de l’Everest, mais les premiers contreforts himalayens, laissèrent découvrir le Glacier Karola. Déjà acclimatés à l’altitude, ils rigolèrent en constatant qu’ils étaient à 5.560 mètres et qu’hormis un froid sec et pénétrant, tout le monde était en pleine forme. Alors, bien entendu, il fallait se déplacer lentement, respirer toujours profondément, ne pas courir, et l’on manquait un peu de souffle, mais rien de bien méchant… Partout, les drapeaux de prières, fameux « chevaux de vent » flottaient. Ce que l’un des voyageurs, non bouddhiste, appelait de façon rigolote « les chiffons volants ».

« Viens, on va se prendre en photo sous les chiffons volants » !
« Les quoi ? »
« Mais si, tu sais, les chiffons de toutes les couleurs qui volent ! »
« Des chevaux de vent, l’ami, des chevaux de vent… »
« Ben oui, tu m’as compris, quoi… »


Karola : vue de loin
Karola au loin…

Le glacier, immaculé, culminait à 6.650 mètres, on venait à son pied, poser devant le stoupa blanc qui le gardait. La magie du lieu fut ponctuée par cet arc-en-ciel qui apparut soudain, magique, dans un ciel bleu et non menaçant. Le plus grand signe « auspicieux » bouddhiste. Cela en laissa plus d’une et d’un, rêveurs… Apparemment, le Qomolangma (l’Everest), était d’accord pour qu’on aille lui rendre visite…


 


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