Adieu Beijing, et adieu l’incroyable petit déjeuner de l’hôtel Marriott, zut, ça, c’était moins drôle. Il fallut partir aux aurores, et se contenter d’un panier-breakfast, le tout sans café. Ensuite, on dit au-revoir à Ming-Li, la guide dédiée à Pékin.
La veille, enthousiasmée par ce groupe joyeux, elle s’était laissée aller à raconter la « vie à la chinoise », la politique de l’enfant unique (qui s’était initiée de 1979 à 2015) et ses retombées sur l’organisation des familles, sur le drame quand cet enfant unique était une fille et que le nom de famille risquait de se perdre, sur les avortements clandestins… Sur la tradition des petits pieds, et les affres que cela avait infligé à des générations entières de chinoises. Il fallait vraiment souffrir pour être belle, sachant que le critère de beauté des petits pieds était franchement relatif.
L’agence qui devait les accompagner jusqu’au Tibet, menée par Bruce, son directeur (on en parlerait plus tard), leur octroyait un guide dans chaque ville. Aujourd’hui, on laissait donc Ming-Li, pour faire la connaissance de Michaël à Taiyuan et Wutaishan.
Le groupe fut heureux de découvrir le fameux train-balle. Elle ne frémit pas tant que ça, habituée au TGV français, mais pour les Mexicains qui n’étaient pas connus pour l’excellence de leur réseau ferroviaire (hormis le fameux « Chepe »), le luxe et la rapidité du train-balle étaient une sacrée expérience de voyage. On atteint petitement les 306 km/h, alors que le train était conçu pour jouer avec les 400 km/h. Tant pis.
Arrivés à Taiyuan, on fit donc connaissance du fameux Michaël, timide ou renfrogné, on ignorait laquelle de ces deux « qualités » ressortait le plus chez lui. Comme l’après-midi, la route serait longue en autobus jusqu’aux montagnes de Wutaishan, on les emmena d’abord déjeuner dans un excellent restaurant. La ville n’avait rien d’enchanteur de prime abord. On sentait qu’elle s’était dédiée à l’extraction de fer et de charbon, et le décor général en pâtissait. Sauf le temple des deux pagodes qui était un peu l’emblème de la ville.
Mais côté gastronomie, on se rattrapait amplement. Quelle finesse, quelle délicatesse. Là, ce fut une explosion de saveurs. Elle tomba littéralement amoureuse des cacahuètes au soja ! Apparemment, ceux qui appréciaient la viande se régalèrent de fines tranches de porc, un peu comme de la « hure » trempées dans de la sauce soja.
Puis avant les courbes et les virages de montagne, on leur laissa une heure libre pour se défouler les jambes. En bons occidentaux, tous se ruèrent… chez Carrefour ! L’enseigne française était installée à Taiyuan. Elle, quasiment mue en guide touristique de l’enseigne, fit découvrir les produits français disponibles ici, et notamment les crêpes-dentelle Gavotte qui rencontrèrent un beau succès chez les Mexicains. Du grand n’importe quoi !
Elle imaginait les récits de vacances des Mexicains à leur retour : « Alors qu’est-ce que vous avez mangé de bon, en Chine ? », « Des crêpes-dentelle Gavotte, un pur régal ! » Mouais. Notez qu’entre ça ou la glace au petit-pois (il paraît qu’il en existe aussi aux haricots rouges, no comment), le choix était vite fait, non ?
Le chemin vers Wutaishan se fit rêveusement, à regarder le paysage changer peu à peu, prendre ses parures montagneuses, offrir ses fraîcheurs et ses ombres sous un ciel encore gorgé de soleil. Elle plongea dans la lecture de « l’ABC-daire du Tibet », précisément à la page qui racontait Alexandra David-Néel et Wutaishan : « Alexandra David-Néel avait elle-aussi longtemps aspiré à passer l’été à Wutaishan, qu’elle décrit comme « une thébaïde sino-mongole » dans Sous des nuées d’orage. » Elle rappelle dans son ouvrage que « Le pèlerinage obéissait, certes, à une motivation spirituelle. On venait prier, implorer, remercier Manjusri et le panthéon réuni autour de lui. Prodiges et présages étaient au rendez-vous. Le temple principal, le Pusadingsi, s’enorgueillissait d’un miracle. Certains jours, par les temps les plus secs, le sommet de son toit émettait une rosée qui coulait le long des tuiles et tombait lentement, goutte à goutte, sur les marches conduisant au péristyle. C’était, à en croire les moines, la bénédiction du bodhisattva et les fidèles recueillaient dans des fioles les précieuses gouttelettes qui servaient à la guérison des malades ou, malaxées avec de la farine d’orge, à façonner des pilules de longévité. »
Décidément, il lui tardait d’arriver à Wutaishan, la montagne sacrée. D’autant que, là-bas, elle pourrait vérifier cette première et bizarre appréhension des Chinois. Elle qui les avait crus hautement imprégnés de révolution culturelle, impies, était en train de les découvrir profondément, intensément, religieusement bouddhistes ! Pour une surprise, c’était une surprise.
Anecdotes et petits-plus…
Politique de l’enfant unique : Destinée à éviter la surpopulation du pays, elle est désormais remplacée par une politique qui permet deux enfants par famille. En 1979, lors de son instauration, lancée par le gouvernement de la république populaire de Chine, elle s’était assortie du « wan xi shao » ou littéralement « mariage tardif, naissances peu rapprochées et peu nombreuses », tout est dit dans l’énoncé.
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Train-balle : la ville de Beijing est connue pour être le plus grand centre de transport ferroviaire de toute la Chine. Il y a cinq grandes gares. Le train-balle ou train à grande vitesse chinois, baptisé « Fuxing », il peut atteindre la vitesse maximale de 400 km/h et une vitesse constante de 350 km/h. Il faut savoir que la Chine dispose du plus long réseau ferroviaire à grande vitesse au monde. Fin 2016, il s’étendait sur 22.000 kilomètres, soit 60% du total mondial.
Taiyuan : son ancien nom est Jinyang (on la connut aussi sous le nom de Bingzhou). Capitale de la province du Shanxi, c’est un important foyer industriel et commercial du nord de la Chine. Depuis 2012, elle est jumelée à Saint-Denis (Réunion).