Quand j’écrivais – notes, cahiers, clavier – mon livre sur Jean Robic, vainqueur du Tour de France 1947, le premier d’après-guerre, Julie Daniel, mon éditrice, m’envoyait régulièrement des photos de Jean Robic accomplissant ses exploits. L’une d’elles, en noir et blanc, représentait Jean Robic, assis au volant d’un cabriolet, en compagnie de son épouse, Raymonde, quelques jours après sa victoire.
Belle voiture, mais quelle était donc cette bagnole ? La légende ne l’indiquait pas. Je voulais savoir. J’envoyai donc, par mail, la photo en question à mon ami l’écrivain Thomas Morales, lequel sait tout des caisses. Morales, inspecteur Colombo des capots, auteur d’un « Dictionnaire élégant de l’automobile », paru en 2013 aux éditions Rue Fromentin, ne tarda pas à me répondre : « Jean Robic conduit une Salmson S4 E Cabriolet ». Morales aime les voitures et le cinéma. Inutile de vous dire qu’il a un faible pour les comédiennes pilotant des bolides, Jacqueline Bisset au volant d’une Porsche 356 cabriolet dans Bullitt par exemple.
Thomas Morales, qui a un faible les carburateurs, carbure aux souvenirs, à la nostalgie, cultive les menus plaisirs que nos temps dénigrent ou condamnent. Si Morales prend ses distances avec l’époque qui est la nôtre, il sait user des munitions qu’elle lui fournit pour mieux raconter ce qui l’enchante. C’est ainsi qu’il choisit internet, le numérique, le téléchargement, l’e-book, pour dresser, devant nous, l’inventaire de ses petits bonheurs.
Il a donné à son e-book un titre savoureux : « Noblesse du barbecue ». A l’heure où la planète se meurt sous les fumées, Thomas Morales se permet d’enfumer son quartier en grillant des saucisses, un verre de pastis à la main. Et l’on n’a aucune difficulté à imaginer Lino Ventura et les tontons flingueurs participer à la petite fête. Remarquons que Morales écrit comme ils parlent : « L’été, je brûle, donc je suis ! L’OMS et sa cohorte d’hygiénistes n’y feront rien. Ils ne gâcheront pas mes futures vacances avec leurs appels à la modération, à la castration alimentaire. Ils ne brideront pas mon plaisir de flamber midi et soir, pendant un mois, sur ma table de jardin, seul ou entre amis. Au déjeuner ou au dîner, je grille comme je bande. Affirmatif. A écouter ces savants en soutane, le casino serait moins nocif que la chipo. Je préfère jouer ma santé à la brochette qu’à la roulette ».
Thomas Morales, à l’heure du sushi obligatoire, est le seul écrivain qui prenne la défense de la chipo, loue la saucisse. Un mec important, le Morales. Et puis, doué côte syllabes, le lascar. Il a du gosier, Morales, il affirme, balance, envoie le steak. Il donne de la voix, y va de la luette, dans un monde soumis à la dictature des toutes petites toux.
Dressons l’inventaire des plaisirs coupables célébrés par Morales dans un e-book qui rendra chèvres les blouses blanches et la flicaille hygiéniste : 1) allumer un barbecue, 2) prendre l’apéro, 3) élire une Miss Camping, 4) porter un Bob, 5) revoir un Max Pécas, 6) trinquer au rosé, 7) envoyer une carte postale, 8) manger une crêpe au Nutella, 9) danser un slow.
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Déjà, mon petit doigt me dit que je vous reparlerai de Thomas Morales en septembre. Un livre de lui, sur papier celui-là, devrait sortir en librairie à l’automne, et je sais déjà que je le préfèrerai à la plupart des romans calibrés qui, à ce moment-là, envahiront nos librairies.
Christian Laborde
www.christianlaborde.com