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Billet d'humeur

Le 24 Fév. 2014

Sotchi, c’est fini !

Les Jeux Olympiques sont l’occasion, tous les quatre ans, de se tenir informés des dernières tendances, syntaxiques ou sportives, capillaires ou vestimentaires. Ceux d’hiver notamment offrent un florilège de nouveautés. Avec leurs nouvelles disciplines, ils “dépoussièrent” l’aristocratique ski alpin, et apportent un sérieux coup de jeune. Mais tout le monde ne semble pas apte à suivre le mouvement de spatules, hélas. Pourtant les enseignements à en retirer sont nombreux.
Voyons, par exemple, qu’ai-je donc appris à l’occasion de cette édition russe ? Débriefing de quinze jours de bonheur.

Le curling est un sport ridicule, où les hommes arborent des pantalons de zouaves, balaient comme personne (ah, les recruter pour faire le ménage à la maison, le fantasme de toutes les nanas qui les ont regardés faire !), et les femmes pratiquant la discipline crient si fort qu’elles font passer les tenniswomen pour de discrètes “chuchoteuses” ! Monica Seles au placard (à balais, rapport au curling, ah ah ah, ce qu’elle est drôle !)

La nouvelle phrase à la mode du moment, après n’importe quelle tentative sportive, soldée par un échec ou une réussite, c’est : Il (elle) a fait le “job” (le boulot, pour les accros du style De Coubertin) ! Ce qui est certainement le truc le plus crétin et le plus réducteur que j’aie entendu depuis longtemps. Genre, peu importe la performance, le tout est d’avoir participé, une autre coubertinerie stupide… “Avoir fait le job”, c’est la nouvelle compensation dialectique à la médiocrité !

Nelson Monfort est obsédé par le terme “bataves” qu’il prononce de façon caricaturale : “les bataaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaves” ! Il paraît qu’il est le présentateur sportif préféré des Français, ce qui ne lasse pas de surprendre. Après 15 jours de commentaires siens, j’ai eu envie dix fois que Vladimir ne le colle au goulag, qu’il se mange un snowboard dans la tronche, de lui bourrer la bouche de neige compacte, de le liquider à la vodka russe, Nazdrovia !

Philippe Candeloro est grossier, sexiste, graveleux, j’en passe et des pires… et je préférais quand il se contentait de faire Lucky Luke sur la glace. Au moins, il la fermait ! Im’ a poor lonesome cowboy…

Martin Fourcade est un dieu vivant (désolé Martin, si les journalistes t’ont collé la pression à te comparer à Killy. “T’as fait le job, de toute façon”, OUPS)

Pierre Vaultier et Paul-Henri De Le Rue, dits Pierrette et Paulette, vous êtes des as !

Idem pour Arnaud Bovolenta, Jean-Frédéric Chapuis et Jonathan Midol, triplé historique en ski-cross, merci !

En ski-cross justement, tous les athlètes sont “pilositairement” singuliers. Barbes islamisantes, moustaches à la Dali, seraient-ils victimes d’hypertrichose (maladie provoquant la pousse des poils) ? Ça doit être ça quand on dit “ils m’ont mis les poils”…

En patinage, on parle désormais de programme “intrinsèque”. Je soupçonne les commentateurs d’ignorer le sens de ce mot, mais de l’avoir trouvé joli et d’avoir tenté de le caser toutes les deux minutes. Si c’était un pari, ils ont gagné. Sinon…

En ski, une erreur n’est pas forcément “rédhibitoire”. Je soupçonne les commentateurs d’ignorer le sens… bla bla bla, reprendre formule précédente.

Vladimir Poutine a organisé les JO les plus chers de l’histoire, mais n’est pas fichu de s’arranger avec Dieu pour éviter le brouillard ! Ce qui fait s’interroger : Dieu est-il soviétique, oui ou non ?

On n’a pas échappé au sempiternel reportage de France Télévisions sur la relation étroite qui unit Brian Joubert à sa môman. Du coup, on est doublement heureux qu’il arrête sa carrière. C’est Oedipe qui va pouvoir souffler…

Les Rasta Rocket existent pour de vrai. À ce rythme-là, on va bientôt nous prouver que le Père Noël aussi (d’ailleurs, si le Père Noël était tendance, il oublierait illico le traîneau et opterait pour le bobsleigh).

Quand il neige fort, on ne dit plus, tels des diplodocutiens largués, “il neige à gros flAcons”, mais plutôt : “il neige des chips” ou s’il neige vraiment beaucoup : “il neige des pizzas”. CQFD.

Expression de ski-cross : “c’est chaud bouillotte”, quand on a le palpitant qui s’affole.

Expression de ski-cross : “il faut sortir la râpe à fromage”, variante neigeuse et plus élégante de “faut se sortir les doigts” (pardon !).

Vladimir Poutine a interdit la présence des homosexuels pendant les JO. Oui, d’accord… Mais alors que faisait là Alb…. ? BIP BIP CENSURE

Se méfier des encouragements véhéments des commentateurs sportifs de France Télévision : c’est du pur chat noir. À peine ils commencent à s’énerver et à y croire que l’athlète victime de leur engouement se casse la figure. Suspect !

Puisqu’on parle de scoumoune, comment se fait-il que les Français se cassent sys-té-ma-ti-que-ment la nénétte en Short-track ou patinage de vitesse ? Pas fichus de finir une manche, dis donc. La malédiction du short-track, voilà ce qu’on va faire tatouer sur le front des entraîneurs, et toc !

Il faut être un peu “maboule” pour pratiquer tous les sports à nom anglais et incompréhensibles : snowboard cross, ski cross, slop style, descentes en half pipe (en ski ou snowboard, aussi tarés les uns que les autres, c’est kif-kif bourricot). On relèvera d’ailleurs beaucoup plus de LCA (ligaments croisés antérieurs) pétés que de médailles. Bientôt la breloque sera remplacée par le “ligament d’or” et là, on va cumuler les champions.

Rendez-vous dans quatre ans, en Corée du Sud, à Pyeongchang. On va bien rigoler avec la prononciation, qui va forcément loucher sur Pyongyang, capitale de la Corée… du Nord ! Je me marre déjà…

Donc manière d’être fin prêts, on réképépéte depuis le bédut : six mois avant les J.O., interminables analyses de spécialistes, interventions saugrenues de journalistes sur le prix de revient de ces J.O édition 2018, sur la démocratie à la mode coréenne, les risques d’attentat de la Corée du Nord, la menace terroriste en général, la censure coréenne, les spécialités culinaires genre kimchi et bulgogi, la Corée du Sud pour les nuls, l’occupation japonaise d’antan, les chances de médailles françaises (s’attendre à des horreurs analytiques, des prospectives débiles), bla bla bla… Et ensuite seulement, place au sport…

Et ça, juste ça, il me tarde déjà.

 

Gracianne Hastoy

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