Un terme « hype » qu’on ne trouve pas dans les dictionnaires, du moins pas dans les miens qui justement le sont, « vintage ». Un terme ésotérique qui émaille les journaux féminins et qui ne désigne pas un truc en relation avec du vieux vin comme on pourrait le croire. Le « vintage », c’est entre la nouveauté et l’antiquité, en gros tout ce qu’on accumule dans tiroirs ou placards, comme objets et vêtements « qui peuvent encore servir ». Et si la dernière couche sédimentaire de vos placards remonte aux années 70, vous avez peut-être touché le jackpot.
Les bidules « retour de Katmandou » se négocient à prix d’or tout comme les jeans patte d’éléphant dont vous avez failli faire des chiffons à chaussure. J’ai d’ailleurs été obligée de me cramponner à un vieux Levi’s 501 décoloré et troué (d’usure) millésimé 71 qu’une amie journaliste parisienne et branchée voulait absolument me racheter au prix d’une veste Dior. Sauf que dans ma campagne, je sors plus facilement le premier que la seconde…
A défaut de les vendre, toutes ces affaires font le bonheur des ados de parents conservateurs qui, enfin, vont faire des économies ! Et ce n’est finalement que justice pour tous ceux qui, loin d’être des fashion victims, mettent un point d’honneur à ne pas suivre la mode. Ce n’est pas un si mauvais calcul puisqu’à force de ne pas la suivre, elle finit par nous rattraper et durant un temps, ô joie on se retrouve à l’avant-garde !
Alors de là, pour faire bisquer les coquettes qui se sont mis dans le rouge avec des vêtements de l’année, à déclarer « vintage » toutes nos vieilleries avachies (je n’ai pas parlé des maris, pourquoi y pensez-vous ?), il n’y a qu’un pas. Franchissons-le allègrement et déclarons « vintage » le vieux pull si bien étudié qu’il est aéré sous las bras (usure), le pantalon de velours destructuré (au bout de 20 ans et 500 lavages), la poubelle hors d’âge qui nous sert de voiture (encore un petit effort et elle va devenir une voiture de collection), la veste en cachemire avec des ronds de cuir aux coudes (pour cacher les trous). Et puis nous, les « sexygénaires » à qui la société conseille d’acheter des trucs pour coller le dentier. Comme le whisky, il n’y a pas de vieux mais du « hors d’âge » et du « vintage », non mais !
Pasquine l’Islet
quel joli billet ! absolument hors codes, hors normes, so Has been ! j’adoooore :))