Le Porc Noir de Bigorre et la viande fraîche de Noir de Bigorre viennent d’obtenir le label AOC le 26 décembre dernier, ce qui constitue un merveilleux cadeau de Noël pour ses éleveurs, qui attendaient cette reconnaissance depuis trop longtemps.
Que de chemin parcouru depuis le début des années 80, alors que la race était en voie d’extinction !
Ce qu’il faut savoir…
Il s’agit d’une véritable résurrection, puisque à cette époque, on n’en dénombrait plus que 34 truies et 2 mâles chez 20 éleveurs, situés sur le territoire des Hautes Pyrénées.
On jugeait la bête trop grasse, trop lente, inadaptée aux conditions de l’élevage intensif et aux normes de la consommation industrielle, ce qui ne correspondait guère au modèle économique dominant.
C’était sans compter sur l’opiniâtreté de certains, convaincus que cette variété de porc, pour peu qu’on le place dans les meilleures conditions d’élevage, avait sa place sur les meilleures tables.
Eux avaient compris que faire du gras était un atout, que le goût était primordial et que le consommateur en aurait un jour assez d’ingurgiter des produits sans âme, sans histoire et sans saveurs. Sans relâche, il ont réanimé la filière, synonyme de patrimoine et fruit d’un écosystème reliant l’animal, le milieu naturel et l’homme.
Elevé à la pâture sur des parcours composés de prairies naturelles ou semées de graminées et de légumineuses (trèfle blanc, minette, luzerne) , ce porc consomme en plus des céréales et selon la saison, des fruits (glands, châtaignes, pommes, nèfles) : du naturel, rien que du naturel.
Le tout donne un profil sensoriel rond et équilibré, doté d’une texture et un goût en bouche absolument uniques, qui nous transportent dans les sous-bois odoriférants de la Bigorre, pour un voyage aromatique complexe et étonnant.
Voici désormais notre Noir doté d’une AOC. Ce qui ne va pas changer grand-chose à sa production, connue pour sa rigueur, sinon que la production devra désormais suivre un cahier des charges précis, concernant la génétique, les méthodes, l’élevage et la transformation.
Alors qu’auparavant, 25 porcs profitaient d’un hectare lors de l’engraissement, le chiffre est passé à 20, avec comme ambition de faire passer la production de 8.000 bêtes (en 2014) à 10.000 pour l’an prochain. Avec comme objectif d’obtenir au plus tôt le label AOP européen.
L’année commence bien pour la Bigorre et son porc emblématique !
C’est formidable pour un produit remarquable!
Dans notre époque dominée par l’obscurantisme productiviste, on ne peut que se réjouir de voir reconnu ce produit qui n’a jamais été absent des bonnes tables de la Bigorre. Félicitations aux opiniâtres qui se sont accrochés.