INDEX

Edito

Le 07 Déc. 2015

Tout sauf une surprise

Dimanche soir, les médias et les représentants des principaux partis politiques de gauche et de droite ont, une nouvelle fois, surjoué la partition de la « surprise », du « choc », du « séisme » en commentant le score du Front National. Comme aux Présidentielles de 2002 (il y a plus de 13 ans !) quand Jean-Marie Le Pen avait accédé au 2e tour, ou comme aux dernières élections municipales et départementales. Et pourtant, ce résultat du premier tour des Régionales était totalement prévisible et largement annoncé dans les sondages.

Et…

Il ne faut pas être un grand expert pour constater (et de nombreuses enquêtes le confirment inexorablement) que le divorce est quasiment prononcé entre la classe politique traditionnelle et les citoyens, en raison d’une sévère perte de confiance : promesses non tenues, échecs à répétition… Alors, lassés de ne pas être entendus, nombre de nos concitoyens ne veulent plus se contenter du vote sanction, et se disent prêts à confier les clés du pouvoir à d’autres, et particulièrement à ceux qui ne l’ont jamais exercé. Comme d’autres l’ont fait, pas très loin de chez nous.

En effet, ne faisons pas l’erreur de croire que ce phénomène est purement franco-français. Il suffit d’observer de l’autre coté des Pyrénées, la percée fulgurante de Podemos. Ce nouveau parti espagnol, classé gauche radicale, est né du mouvement des Indignés avec comme manifeste : « Prendre les choses en main : convertir l’indignation en changement politique ». Podemos (Nous pouvons), proche de Syriza (le parti d’extrême gauche à la tête de la Grèce), a déjà pris le contrôle de la capitale, Madrid, et d’immenses métropoles comme Barcelone.

La révolution portée par ces mouvements, qui accèdent au pouvoir dans plusieurs démocraties européennes, est basée sur de nouveaux clivages. Finie la problématique droite/gauche qui selon eux ne se « connecte » plus avec la population, finie la souveraineté politique et économique, place au clivage caste/peuple, place à l’ « unité populaire ».

Voilà qui apporte un éclairage complémentaire sur ce qui se passe en France et qui devrait faire réfléchir nos « élites » politiques – positivement – afin d’apporter les bonnes réponses aux aspirations des citoyens.

10 commentaires au sujet de cet article

  1. Il est clair que la diabolisation excessive du Front National n’est plus audible et ne fait que contribuer à le faire monter en France. Les gens ne sont pas des andouilles. Plutôt que d’essayer de les faire changer d’avis par la peur, il vaudrait mieux le faire par des idées et surtout par des actes de la part de ceux qui gouvernent autant sur le plan national que dans les régions.

  2. D’accord avec votre analyse. Le problème n’est pas seulement une poussée d’extrême droite, mais bien une révolte du peuple comme en Espagne avec une focalisation sur l’extrême gauche de Podemos. Il y a bien une rupture entre la classe politique et les gens. C’est aux responsables politiques de se réveiller. Mais, en sont-ils capables ?

  3. Les responsables politiques français n’ont rien compris !!! Ils sont tous sur leur nuage fait de pouvoir et de suffisance. A droite, au centre, à gauche : je suis d’accord avec Paul, il faudrait que tous les responsables actuels démissionnent pour laisser arriver des idées nouvelles et un autre comportement.

  4. la proportionnelle est le système le plus juste pour jauger la démocratie, le vote et les scrutins.

    Mais il faut donc en payer le prix !

    Chaque parti chaque famille de pensée, chaque courant de pensée compte ses voix pour la suivante.

    Ce jeu est légitime dans nos sociétés émancipées et libres, mais cette liberté a ses revers et ses risques.

    Obtenir le vote est une gageure, convertir les abstentionnistes en est une autre.

    On parle peu de ces 20 millions de français muets devant l’urne des élections.

    Comme s’ils n’existaient plus.

    Comble de l’histoire, l’histoire électorale est à son paradoxe quand on cherche désormais à ratisser dans son camp à droite toute et à gauche toute.

    “Podémos” des espagnols dit l’éditorialiste, “veremos” disent les français qui aiment le risque du challenge mais tous les risques sont par nature imprévisibles…

    Croire aux miracles des conversions de dernière minute serait bien aléatoire.

    On votera dimanche à nouveau pour désigner les élus des régions, leur président(e) et de toute évidence les votants, les non votants et les absents aux urnes, auront une version différente du résultat.

    Où seront les jeunes majoritairement absents de cette élection, classés dans quelle catégorie ?

    Où seront les précaires, les travailleurs de temps partiel, les chômeurs, les pré-retraités en quête d’emploi ?

    Avouez quand 50% d’une population en droit de vote se retient d’aller voter, il y a problème !

    Au fronton des lamentations s’inscrit en majuscules VOTER pour libérer votre voix du souffle de l’avenir !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *