Est-ce le négoce qui a inventé ces foires aux vins ?
NON – C’est Edouard Leclerc qui est à l’origine de cet événement. En 1973, Le vignoble de Bordeaux, malgré sa forte notoriété, avait des volumes important à vendre, et même au niveau de quelques grands châteaux. L’initiative de la célèbre enseigne visait ainsi à démocratiser la consommation de bouteilles de qualité. Cette alliance du commerce de masse et du vin de Bordeaux a donné naissance aux foires aux vins, reprises depuis par toutes les enseignes.

Les foires aux vins dans les grandes surfaces sont elles une spécificité française ?
OUI – Il n’y a pas d’équivalent dans un d’autres pays. Ce vieux couple (plus de 40 ans de mariage) entre GMS et vin est certainement dû au fait que la France est le deuxième plus important consommateur du monde, derrière dépassé par les États-Unis depuis seulement 2 ans. De leur côté, des pays comme l’Italie ou l’Espagne sont davantage tournés vers le commerce traditionnel de proximité, avec une consommation de vin moindre.

Le phénomène est-il menacé ?
NON – Il est devenu incontournable. Dès la fin du mois d’août, les connaisseurs comme les néophytes commencent à courir derrière les catalogues des foires aux vins pour repérer les bonnes affaires. D’après de récents sondages, 70% (en hausse de 2 points) des Français comptent y participer cette année. Et 40% des Français estiment qu’elles sont l’occasion de réaliser de bonnes affaires. De son côté, la Grande Distribution met les moyens nécessaires pour qu’elles soient attractives, sachant que ces foires représentent un chiffre d’affaires global de 480 millions d’euros.

Les foires sont-elles intéressantes seulement pour les grands crus ?
NON – D’autant plus que la majorité de ces grands vins partent en masse vers l’Asie, et donc s’écoulent à des prix élevés en France. Si l’on peut trouver encore quelques grands châteaux à des prix intéressants, les gens viennent plutôt pour dénicher des vins AOC (appellation d’origine contrôlée) que l’on ne trouve pas facilement dans les rayons le reste de l’année, ou pour découvrir des produits d’autres régions.
Dans ce domaine, finalement la bonne affaire, c’est de trouver le vin qui correspond à son goût, au juste prix (tant mieux si l’on peut l’obtenir à un prix encore meilleur).
Il faut savoir que le panier moyen pendant ces foires se situe désormais entre 7 et 8 €. C’est plus que la dépense moyenne en vins dans les grandes surfaces (entre 3 et 4 €). Avec la crise, on note un seuil à 10 € la bouteille.

Y a t-il vraiment de bonnes affaires ?
OUI – Le phénomène des foires aux vins est tel que les grandes enseignes se doivent de jouer le jeu à fond, d’autant plus qu’il est facile de se renseigner via Internet sur les offres des uns et des autres. Elles doivent aussi rechercher des produits offrant le meilleur rapport qualité-prix, pour assurer la réputation de leur rayon vin. Les millions de bouteilles achetées chaque année leur permettent de négocier des prix très intéressants sur des vins découverte ou même renommés ; de même que le fait de traiter en direct avec les producteurs, notamment sur le plan local.

Sont-elles préparées au dernier moment ?
NON – Des enseignes comme Leclerc s’y préparent tout au long de l’année, afin de proposer des vins originaux et de permettre à leurs clients de faire d’intéressantes découvertes. Dans les régions viticoles, les responsables rencontrent des vignerons toute l’année et rentrent ainsi de nouvelles références pour les tester. Il y a suffisamment de clients avertis pour que les grandes surfaces ne se permettent pas d’improviser.

Y a t-il des règles à respecter pour faire son choix ?
OUI – D’abord, il ne faut pas hésiter à demander un décryptage des offres et même des étiquettes des différents vins, aux responsables de l’enseigne, présents sur place. Ils ont intérêt à vous satisfaire, et non pas à faire du chiffre au risque de vous décevoir et de vous perdre comme client. Ensuite, il ne faut pas hésiter à déguster. Soit sur place, si des producteurs sont présents pour cela. Soit chez vous, en achetant d’abord une bouteille de chaque vin qui vous intéresse pour le tester tranquillement. Le vin est, avant tout, une question de goût personnel.

Les soirées privées sont-elles intéressantes ?
OUI – Organisées la veille de l’ouverture de chaque foire aux vins, elles sont faites pour accueillir les clients les plus fidèles pour leur permettre de découvrir les vins dans les meilleures conditions. Encore une fois, le vin est un produit complexe et il mérite d’être abordé de manière très personnalisée. Pour la soirée privée de Leclerc, des producteurs de la région seront présents pour faire découvrir, en direct, leur production et leur savoir-faire. Ces soirées sont réservées aux clients les plus fidèles. Il ne tient qu’à vous d’en faire partie. Celle de Leclerc Pau-Université aura lieu le 28 septembre.

La clientèle évolue t-elle ?
OUI – Très clairement. Lors de ces foires, les grandes surfaces voient débarquer, notamment, beaucoup d’hommes qui ne viennent jamais faire les courses au quotidien. Ces foires séduisent de plus en plus des trentenaires qui préfèrent acheter une bonne bouteille à 10 € plutôt que plusieurs cubis avec un contenue très moyen.

Faut-il venir uniquement pour constituer une cave ?
NON – Contrairement aux idées reçues, la plupart des vins peut (et doit) être consommée rapidement. Le vin de garde reste une exception, même s’il est sérieusement ancré dans la culture française. Aujourd’hui, neuf bouteilles sur dix sont produites pour être dégustées au maximum dans les 2/3 ans.
Ceci dit, deux Français sur trois ont une cave chez eux, avec en moyenne 67 bouteilles, pour une valeur totale dépassant 1.000 euros (soit une moyenne de 15 euros par bouteille). Avoir une vraie cave aux normes n’est pas donné à tout le monde. Du coup, certains se munissent d’armoires climatisées pour le vin.
Si vous faites vieillir des bouteilles dans votre cave, suivez les de près, sinon beaucoup finissent dans l’évier avec des vins qui ont mal supporté les années.

Le millésime est-il vraiment important ?
OUI – Surtout pour les vins de garde, mais pas seulement. L’impact des conditions dans lesquelles se développent la vigne et le raisin chaque année est fondamental pour déterminer la qualité du vin. Par exemple, cette année, tout est réuni pour que le millésime soit bon voire exceptionnel. En résumé, plusieurs conditions doivent être réunies (qui varient d’une région à l’autre), et d’abord le fait d’avoir de bénéficier d’une floraison précoce et « groupée ». Pour cela, il faut du beau temps pendant la floraison de la vigne, au printemps.
Parmi les autres conditions essentielles, il faut que la poussée de la végétation s’arrête plus d’une semaine avant la véraison (période où le raisin se développe et se colore). C’est en général fin juillet, et si ce n’est pas le cas, la photosynthèse ne profite pas aux baies. En fait, il faut une bonne alternance de petites pluies et de soleil, et aux bons moments. En fonction des bonnes conditions réunies ou pas, le millésime sera faible, bon ou grand.
Ainsi pour les rouges, 2005 est le plus grand millésime depuis dix ans ; le 2010 est quasiment au même niveau avec de faibles quantités et des  problèmes sur certains cépages comme le merlot. Inversement, 2013 a subi des conditions très défavorables et n’a été sauvé que par la qualité du travail dans les chais. Quelques fois, il faut un peu de recul comme avec le 2009 qui est bon mais moins grand qu’annoncé.

Donc, dans les prochains jours, nous reviendrons sur la Foire aux vins de Leclerc, pour vous donner plus d’informations sur l’organisation et les vins présentés.

Informations sur le site Internet de Leclerc