Franchement, je crois que je ne suis pas douée pour les Carnets de Voyage. Je n’arrive pas à la cheville d’un Henri Michaux, d’une Alexandra David-Néel, ou d’autres illustres… Toutefois, j’aimerais bien retenter l’expérience, riche de celle-ci.
Tu m’enverrais alors dans tous les endroits proposés dans ma chronique de l’autre jour, ou pour une immersion de trois semaines en conditions réelles chez les Lacandons, à Bonampak et Yaxchilán (avant qu’ils ne disparaissent, il ne reste que 300 à 500 Lacandons), et moi je ferais semblant de râler parce qu’il me faudrait manger du singe et de l’aigle ou du serpent et que je suis végétarienne, bon sang… Mais sur le fond, je serais ravie. Là, ce ne serait plus “treck” mais pirogue, et échanges humains au coeur du voyage. Une expérience plus ouverte, moins “intérieure” peut-être que celle que je t’ai fait partager là…
Et…
Tu vois, je ne doute de rien, à l’heure des bilans. C’est que je redoute demain. Je redoute de lâcher ce qui a fait ma vie pendant ces quelques semaines. Je redoute le retour au quotidien sur la côte Pacifique, et je suis heureuse que Coba le chien rentre avec moi, car il sera la preuve concrète que tout cela n’était pas un mirage, que c’est bien arrivé…
Est venu le moment de se souvenir au lieu de vivre. Je n’aime pas ça. Mais c’est vrai que de souvenirs, toi et moi ne manquerons pas. Des lieux, des êtres : José et ses bois gravés à Uxmal, les “garçons” de l’Hacienda Uxmal, Sylvia et ses hamacs à Ek Balam, Nicanor et son resto à Temozón, Victor et ses tee-shirts à Coba, Farid et Maria, les artisans sur la route de Tulum, Estebán le roi du cocoyol à Izamal… Des pyramides aussi : Uxmal, Dzibilchaltún, Chichén-Itzá, Yakuna, Ek Balam, Cobá, Tulum, Oxtankah, Calakmul, Palenque… Des villes et villages : Santa Elena, Ticul, Ek Balam, Cobá, Yakuna, Chetumal, Campeche, Tulum et Boca Paila… J’en oublie.
Personnellement, des pans de jungle accrochés à mes pieds et qui m’ont fait aimer encore davantage cette terre, en dehors de la trilogie romanesque que je souhaite y consacrer. Marcher sur ces routes monotones, entrer dans la jungle pour y puiser une improbable fraîcheur, c’était comme apprendre à connaître l’autre, à l’apprivoiser, à humer son odeur et la texture de sa peau, oui il y avait une forme de sensualité dans cela.
Bah, je l’ai facile de dire cela à la fin alors que sur le moment, le seul aspect charnel était celui des piqûres de moustique (merci, on a vu le résultat), de taons, la morsure du soleil, et les pieds en capilotade !
Tu imagines tout ce qui nous est arrivé en trois semaines ? Je pourrais résumer par : “Un scorpion, un chien blanc et une dengue (j’ai failli écrire “une dingue !”), mais avoue que ce serait trop réducteur, non ? C’est comme toujours dans les voyages : la part d’imprévu s’est clairement manifestée. C’est aussi tout ce qui en fait le charme et l’enrichissement final.
Plus sérieusement, j’espère ne pas t’avoir trop barbé et avoir réussi à te faire partager un peu de mon amour pour cette terre. Si j’ai donné envie à une seule personne d’en faire son prochain voyage, alors j’aurai atteint mon but.
Et si j’ai donné envie à 10.000 de laisser un commentaire ici pour exiger un autre périple l’an prochain, alors là, c’est champagneeeeeeeee (euh Champomy, because les antibios de la dengue !) !
Les découvertes sur le monde maya et ses mystères n’en sont qu’à leurs débuts. Pendant mon voyage, ainsi, l’on a appris une nouvelle d’importance (14 août) : sous la pyramide du Kukulkán de Chichén-Itzá, existe un cénote. Sachant qu’ils étaient sacrés pour les Mayas, cela apporte un éclairage supplémentaire sur la grande pyramide des Itzaes et sa construction. Et des nouvelles comme celles-là, il y en aura bien d’autres. Il suffit d’ouvrir son coeur, ses oreilles et grand ses yeux. Compte sur moi pour cela.
Xi’ikte’ex uts, porte-toi bien !
PS : Au fait, petite précision finale, il semble – étant donné les nuits où mes articulations me font souffrir le martyr – que je sois plutôt atteinte du chikungunya que de la dengue. Et zut !
Laya Croves qui rend le stylo et l’appareil photo
et Coba le chien, prêt pour de nouvelles aventures sur le Pacifique !
Pour lire et relire les carnets de voyages de Laya Croves, rendez-vous dans la rubrique “Sur la route des Mayas” – cliquez ICI
Laya, merci, merci, merci du fond du coeur je me suis régalée et j’ai presque autant le cafard que toi que ça s’arréte, je vais me sentir vraiment en ‘rentrée’ sans ton voyage tous les jours. J’aurai voulu que ça dure toute l’année, pour nous sortir du quotidien. Bien entendu que ca doit recommencer l’an prochain ! Où que tu nos amènes, ce sera bien ! As-tu envisagé de faire un livre avec des photos de cette année ? Ce serait super, et moi je l’achéterai, c’est sur ! Encore un enorme merci, vivement de te rencontrer. Sylvie.
Chère Sylvie, merci de ton message qui est adorable. J’espère bien que nous pourrons nous rencontrer pour la prochaine signature de mon livre Calaveras dans le Sud-Ouest (ce sera certainement annoncé sur PresseLib’). A très vite alors ?
Bonjour Laya,
merci pour ce périple que j’ai vécu avec toi au fil de tes lignes.
Ton objectif est atteint, le Mexique ne m’attirait pas particulièrement, mais suite à ta description
des sîtes Maya, tu m’a donné envie de les découvrir.
Bonne route et à l’an prochain.