Un mien ami, non pratiquant, m’expliquait que c’est dans les églises qu’on réfléchit le mieux à la question : « d’où viens-je, où cours-je et dans quel état j’erre ? ». Il existe pourtant un lieu, certes moins glorieux que les arcs en plein cintre, mais plus accessible et offrant plusieurs fois par jour la possibilité de s’isoler pour lire, méditer ou rêver. Un endroit, le seul sans doute où personne n’oserait vous déranger. Un endroit, lieu d’une « Liturgie des Heures » un peu particulière mais, honni soit qui mal y pense, ce qui compte, c’est le résultat.
Cet endroit, c’est les « petits coins », « quelque part en France » « là où le roi va seul (et Hollande itou), là où on va « se repoudrer le nez » (mon oeil). Je n’ai pas raison ? Quand mes enfants étaient petits, c’était le seul endroit où je pouvais avoir la paix cinq minutes avec bonne conscience et avouez qu’au boulot, ces moments de pause sont bienvenus ! Et pour fumer en cachette, lire une lettre d’amour (pardon un sms), quel est l’adolescent qui ne s’est jamais réfugié à l’abri du cocon des toilettes ?
Les sociologues le savent bien et dans le quotidien du soir qu’on lit avec une loupe, il était fait état d’une étude effectuée par une équipe de chercheurs pour le compte d’un fabricant français de « trônes » (sic) à motifs bambou, pétale de rose, galets « avec descente assistée ». Les sociologues parlent d’un endroit « répulsif et angoissant » exigeant « des signes permanents de désinfection » mais reconnaissant qu’on l’associe volontiers à « une pause, un lieu de repli sur soi et d’évasion intérieure ».
Etait-il nécessaire de financer une enquête pour faire ce constat que n’importe qui fait plusieurs fois par jour ? Néanmoins, cela a-t-il convaincu les professionnels qu’il était possible de « dédramatiser » les WC, ce qui veut dire qu’on peut proposer des objets de déco pour cet endroit. Autrement dit, il s’agit d’un marché porteur.
Bon, je vous laisse, je vais réfléchir…
Pasquine L’Islet