À moins que je n’aie affaire à de grands mayanistes, savants et autres archéologues, il est probable que votre vision des Mayas soit réduite à sa plus simple expression.
Au mieux (ou au pire, c’est selon), vous n’en connaîtrez que la fameuse affaire du 21 décembre 2012. Ouiiii, la fin du monde, vous vous souvenez ?
Et…
J’avais, quelque temps auparavant – en 2010, si mes souvenirs sont exacts -, rencontré des Lacandons, (une tribu maya en voie de disparition, dont les sites archéologiques de Bonampak ou Yaxchilan sont très beaux, avec des peintures rupestres sublimes, vous trouverez une histoire les concernant dans mon livre “Calaveras” à paraître aux éditions Chiado – et hop, un peu de pub ne nuit pas).
Les Lacandons se définissent comme les “Halach Uinich”, hommes vrais en mayas, ou les derniers véritables descendants des anciens mayas. Comme le sujet de la “prochaine fin du monde” commençait à être sur toutes les lèvres (il fallait au moins vivre sur la lune pour l’ignorer !), nous en avons parlé, et ils m’ont expliqué que rien d’aussi apocalyptique n’était annoncé dans les textes sacrés mayas. Il s’agissait simplement d’un changement de “kin”, de soleil, comme un cycle nouveau. Il n’y avait pas lieu de s’affoler.
Bon, les médias du monde entier n’ont pas assez parlé aux Lacandons apparemment, car on a eu droit à un sublime festival de bêtises (pour rester polie) de la plus grande expression de connerie humaine (oups).
Mais voilà, il reste encore tant de mystères accrochés aux Mayas, que toutes les folies sont permises, toutes les élucubrations autorisées. Il y a pire, vous savez. Promenez-vous sur Youtube à la recherche d’informations sur la cité de Chichén-Itzá, et je vous promets de grands frissons. Des photos honteusement truquées avec des rais de lumière montant de la pyramide du Kukulcán vers le ciel, des histoires d’extra-terrestres, de relations ésotériques avec le cosmos, le tout prétendument scientifiquement prouvé, la belle blague ! X-Files version maya, la tentative ne déplaît pas à certains, et pas que des réalisateurs de films sur les “cités perdues” !
D’autres, et pas les moins érudits, je vous assure, ont voulu créer des liens entre les anciens Mayas et les tribus disparues d’Israël, ou avec des continents engloutis de l’Atlantide ou de Mu. On a eu droit à tout ! À tout ! Dans son livre “Les Mayas, grandeur et chute d’une civilisation”, Arthur Demarest justifie ces dérives : “Les cités perdues des Mayas, la jungle, les écritures secrètes et les tombes ont fourni le matériau brut pour un large éventail d’interprétations multicolores qui, parfois, ont peu ou pas du tout à voir avec les anciens Mayas, et même, dans certains cas, se montrent assez condescendantes vis-à-vis de leurs descendants contemporains opprimés.” Mais si beaucoup de temps et d’énergie ont été perdus dans ces divagations, cela a aussi obligé les plus sérieux à creuser encore, chercher, pour avancer et tordre le cou aux élucubrations tortueuses, ouf !
Car mystères, il y a, et c’est sciemment que j’emploie ici le pluriel pour “mystères”. Pourquoi la civilisation maya des Basses-Terres (Guatemala, Tikal notamment) s’éteint-elle à la fin de la période classique (vers 900) ? Épidémies ? Tremblements de terre ? Décadence des élites ? Révoltes paysannes ? Invasions étrangères ? Mon roman à venir sur les Mayas exploitera une autre option, plus romanesque, mais ma foi pas complètement déraisonnable. Et si l’amour avait quelque chose à voir avec tout cela ? L’amour qui balaye tout, se moque des conforts et des pouvoirs, des charges et des obligations ? L’amour qui fend les cuirasses du coeur, et celles des cités ? Bon, ceci était encore une page d’auto-promo. Avouez que c’est plus sympa qu’un bandeau de pub, non ?
Mais reprenons plus sérieusement tant que mon neurone s’y prête et n’est pas épuisé par le treck : comment une telle civilisation a-t-elle pu se développer aussi complètement dans un milieu aussi hostile que la jungle ? Ou du moins dans une “forêt subtropicale humide” ? (mes pieds et mon corps tout entier ne vont pas tarder à expérimenter la difficulté de s’y aventurer, soyez patients !)
Ce dernier point est l’un de ceux qui a le plus choqué le grand public, car habituellement, on perçoit la jungle comme un endroit uniquement peuplé de populations sous évoluées, quasi primitives. Ici, loupé ! Les explorateurs du XIXème siècle y ont découvert des palais de pierre, des temples, des jeux de balle, mais aussi des hiéroglyphes complexes inscrits sur les monuments (dont le déchiffrement demeure aujourd’hui incomplet), des tombes royales remplies de trésors, des oeuvres d’art, des jades énormes.
L’évidence est que cette civilisation avait atteint un haut niveau de sophistication (notamment dans les domaines de l’astronomie, de l’astrologie, de la cosmologie) et de culture (un corpus artistique étendu et complexe). D’où le mystère encore renforcé par sa disparition soudaine. Reste que les explorateurs et archéologues européens débarquant en territoire maya se sont presque tous heurtés à la force de leurs oeillères judéo-chrétiennes, et que là n’est pas la bonne façon de vouloir expliquer les énigmes de cette terre à part.
Hélas, mille fois hélas, en ma compagnie, vous ne percerez certainement aucun des secrets mayas, mais au moins, avec un peu de chance, apprendrez-vous à mieux connaître cette grande civilisation, à l’aimer et à la reconnaître, avant d’aller la découvrir à votre tour ? Alors, j’aurais grandement réussi ma mission de cet été…
Merci, niib óolal
Laya Croves
Demain, dimanche 2 août : l’itinéraire
Articles déjà parus
Bonjour, ou ma’alob kin (en maya)
Le Yucatán, l’histoire et l’identité des Mayas, les 10 sites emblématiques… en avant-goût
Merci beaucoup à vous et à Presselib !! Grâce à vous, je vais revivre mon voyage au Mexique, vécu en ….2002…
On ne peut pas lire la suite de l’article ?
Normalement, il suffit de cliquer sur le bouton pour lire la suite…
Sauf problème technique.