Premier bruit de la journée, la sonnerie du réveil. Celle-là me fait sursauter, tomber du lit et ramper jusqu’à la cuisine pour entendre la deuxième, plus sympathique celle-là, puisqu’il s’agit de celle du micro-onde et de mon bol bien chaud. Pendant ce temps là, c’est le grille-pain qui s’y met, bip-bip c’est grillé. Bip font I-truc, I-bidule et I-machinou, tous trois marqués du péché, je veux dire de la pomme. Ils s’ébrouent joyeusement en compagnie de leur amie l’imprimante (elle n’est pas de la même famille) avant de commencer la journée. Bip, fait la machine à laver qui a fini son boulot.
Déjà, le smartphone sonne et je me précipite : le téléphone, c’est comme une pochette surprise, on ne sait jamais qui sera au bout. Et moi, comme une grande enfant, mon coeur bat à chaque fois. Allez savoir, on m’appelle peut-être pour remplacer NVB (Najat Vallaud Belkhacem). Vous voyez que ma crédulité est infinie mais après tout, moi aussi j’ai des idées pour les femmes.

Les bips, les vibreurs et les sonneries, on en entend toute la journée, à tel point que même dans le silence, on a l’impression que ça sonne ! Si Jeanne d’Arc revenait, c’est sûr, les voix seraient au bout de son smartphone. Nous vivons désormais en permanence au milieu des minuteurs, bip bip, alarmes et notifications.

La notification, c’est la dernière en date de ces incursions permanentes. Vous avez cru les désactiver pour avoir la paix mais, comme des poux, ces petites bêtes ne se laissent pas éradiquer aussi facilement et vous en oubliez toujours une qui vous fera sursauter au moment le plus inopportun. Bref, je finis par avoir des bips et sonneries en permanence dans les oreilles à tel point que je passe mon temps à vérifier que ce n’est pas moi qui sonne. J’ai trop peur de rater NVB qui me propose sa place. Aaaaah, enfin la fin de la semaine et le temps de se promener tranquillement dans la nature vierge, le téléphone en silencieux, écouter le champignon qui pousse et, non, pas possible, une sonnerie de portable carrément stridente. Je lève le nez sur un oiseau qui passe… Depuis quand les oiseaux ont-ils le droit de faire le bruit du smartphone en rut ? Je demande.

Pasquine L’Islet