Muriel Erdmann fait sans doute l’un des plus beaux métiers du monde, elle crée des faïences, en respectant la tradition de Samadet, qui fut l’un des hauts lieux de cet art il y a quelques siècles et qu’elle a su remettre à l’honneur.
Portrait d’une femme rare et discrète, qui ne vit que pour sa passion…
Un peu d’histoire. Tout débute en 1729. Le marquis (et abbé) de Roquépine, qui possède de nombreuses terres peu fertiles à Samadet, souhaite les rentabiliser. Par chance, il y a sur place de l’argile fine, du sable et de l’eau, ce qui lui donne l’idée de créer une Manufacture de faïences, devenue « royale » par autorisation de Sa Majesté.
C’est le début d’une période faste, les commandes affluent, les faïences partent dans le Gers, le Béarn, le Bordelais et à Bayonne sur des gabarres, avant d’être livrées aux « isles », Guadeloupe, Martinique, Saint-Domingue.
Mais le déclin est proche : la Révolution n’apprécie guère ce qui est « royal », la concurrence est féroce, et en 1831, après un siècle d’activité, la dernière assiette signée Samadet est produite. Fin de l’aventure.
Pas tout à fait, car un siècle et demi plus tard, le flambeau a été repris par Muriel Erdmann, Lyonnaise d’origine qui étudia les Arts appliqués à l’Atelier des 3 Soleils avant de s’implanter à Samadet.
Là, dans son atelier, elle travaille la terre à la main, comme autrefois, fabrique elle-même ses pièces, les « biscuite » à 1.000°, les émaille à la trempe dans un bain d’émail stannifère et les décore au pinceau à main levée, comme en 1732, respectant les décors anciens de Samadet. Trois semaines de fabrication sont nécessaires avant de recuire les pièces une seconde fois, à 950°.
Du grand art ? Certes pas, mais de la patience, de l’effort, du goût, de la main et un sacré talent pour cette femme qui préfère mettre en avant son travail que sa photo sur les réseaux sociaux, preuve d’une vraie sagesse.
Plutôt que d’acheter à la va-vite une vague poterie industrielle made in China, faites plutôt une petite visite à l’atelier de Muriel, ouvert du mardi au samedi rue du Tursan à Samadet, cette petite commune située aux confins de la Chalosse et du Tursan.
Vous y rencontrerez une femme simple, amoureuse de la nature et de son travail, qui ne se considère pas comme une artiste (et pourtant…) mais un simple artisan ayant le goût du travail bien fait. Respect.